luni, 17 ianuarie 2022

Impresionism

 

impressionnisme

Claude Monet, les Coquelicots

ARTS PLASTIQUES

1. L'IMPRESSIONNISME : UN MOUVEMENT MODERNE

1.1. LE MOT D’UN CRITIQUE

Le terme d’« impressionnisme » vient d’un article du critique d’art Louis Leroy, paru dans le journal quotidien le Charivari en date du 25 avril 1874, et intitulé : « L’exposition des impressionnistes ». Moqueur, Leroy y raconte sa visite dans l’atelier parisien du photographe Nadar, boulevard des Capucines, où une « Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs, graveurs, etc. » présente pendant un mois plus de cent cinquante œuvres. Le critique s’acharne sur un tableau de Claude Monet, peint en 1872, et intitulé Impression, soleil levant : « Je me disais aussi, puisque je suis impressionné, il doit y avoir de l’impression là-dedans… »

Ce surnom encombrant d’« impressionnistes », Monet et ses amis de la Société anonyme vont non seulement l’accepter, mais le reprendre, dès 1877, à l’occasion de nouvelles manifestations qu’ils organisent. Ainsi, au total, huit expositions se succèdent à Paris, de 1874 à 1886 : chacune présente une approche nouvelle de la couleur et de la lumière, à travers une sensibilité de l’instant ; chacune est une étape vers la naissance de l’art moderne.

Le triomphe auprès du public est long à venir. Mais l’impressionnisme est soutenu dès ses débuts par le combat d’une partie de la critique, puis, plus tard, par l’influence de ce courant sur les artistes à l’étranger, dans de nombreux pays (→ l'impressionnisme à l'étranger).

1.2. PEINDRE L’EXTÉRIEUR ET LA VIE MODERNE

Dès les années 1830, des artistes ouvrent la porte de leur atelier pour s’en aller peindre à l’extérieur : Théodore RousseauCharles François DaubignyNarcisse Virgile Diaz de la PeñaJean-François MilletJean-Baptiste Camille Corot séjournent à Barbizon, à la lisière de la forêt de Fontainebleau, où ils exécutent des toiles « sur le motif » – c’est-à-dire sans esquisse préalable, devant le « morceau de nature » qu’ils ont choisi.

Avec les paysagistes anglais de la fin du xviiie siècle (en particulier John Constable et William Turner), ces peintres sont, au début des années 1860, les maîtres de jeunes artistes nommés Claude Monet, Pierre-Auguste RenoirFrédéric BazilleAlfred Sisley – qui vont devenir les premiers « impressionnistes ». Cette volonté de peindre en plein air n’est pas d’un phénomène isolé : dans les mêmes années, Eugène Boudin et Johan Barthold Jongkind pratiquent la peinture ou l’aquarelle sur la côte normande, au bord de la mer ; cela conforte Monet dans la voie qu’il emprunte.

Contrairement aux paysagistes classiques, qui peignaient une nature irréelle et idéalisée, les impressionnistes vont s'efforcer de rendre l'éphémère, la vision fugace. Selon l'heure du jour, la saison ou le temps qu’il fait, un même paysage connaît de sensibles variations. Pour fixer sur la toile les rapides sensations visuelles qui se modifient à chaque instant, ces jeunes peintres vont devoir renouveler leur méthode de travail, trouver une technique pour traduire avec sincérité ce qui s'offre à leurs yeux.

Le réalisme de Gustave Courbet, l’attention portée par Édouard Manet à la ville et au monde contemporain sont aussi des éléments essentiels. Pour cette jeune génération, en effet, la peinture ne peut plus se référer à l’idéal glacé du classicisme. Une révolte est amorcée, que ces artistes vont également exprimer en se rebellant contre les institutions artistiques, en créant leurs propres circuits pour se faire connaître.

1.3. LE REFUS DES INSTITUTIONS

En 1855, Gustave Courbet a montré l'exemple : dans son « pavillon du Réalisme », il expose l'Atelier du peintre, où il se met en scène en train de brosser un paysage, entouré d'une assemblée d'amis, de personnalités admirées ou haïes, de figures allégoriques. Ce faisant, Courbet bouscule doublement la tradition : en dédiant à un sujet trivial une toile dont l’immense format est habituellement réservé à la peinture d’histoire ; en s’adressant directement au public, en dehors des expositions officielles organisées par l’État.

Édouard Manet fait également figure de modèle révolutionnaire pour les jeunes peintres. En 1863, le jury du Salon annuel de peinture exclut de l’exposition son Déjeuner sur l'herbe. Puis l’œuvre est admise au Salon des refusés – manifestation autorisée par l’empereur Napoléon III afin de laisser les visiteurs seuls juges des œuvres rejetées par le jury du Salon officiel. C’est là que le jeune Paul Cézanne peut l’admirer, tout comme Renoir, Sisley ou Monet, reconnaissant en Manet le chef de file de la nouvelle école à laquelle ils souhaitent appartenir.

1.4. LA FORMATION D’UN GROUPE

Monet, Renoir, Bazille et Sisley vivent une première émancipation. L’école privée qu’ils fréquentent depuis le début des années 1860, tenue par le peintre et professeur à l’École des Beaux-Arts Charles Gleyre, va fermer. Monet, bientôt imité par ses camarades, en profite pour abandonner un apprentissage qui lui paraît décalé avec son idéal artistique. L’hospitalité de Bazillle, le moins impécunieux d’entre eux et qui possède un vaste atelier, leur permet d’affronter cette période difficile tout en continuant de travailler.

Ceux qu’on réunit parfois sous le nom de « groupe des Batignolles » parviennent alors à se rapprocher de Manet, dont ils reçoivent la leçon. Les rencontres ont souvent lieu au café Guerbois, un établissement du quartier de l’actuelle place Clichy, à Paris, fréquenté par des peintres mais aussi des écrivains et des critiques.

Devant l’incompréhension du jury du Salon annuel de peinture, l’appui des écrivains s’avère précieux. Et en particulier celui des écrivains journalistes qui, à l’instar d’Émile Zola, défendent la cause de la nouvelle école. Ami d’enfance de Cézanne, Zola restera perplexe sa vie durant devant la peinture impressionniste. Mais sa conviction est entière : les institutions artistiques doivent être refondées.

Et sa plume est virulente. Comparant le Salon à un « immense ragoût artistique qui nous est servi tous les ans », Zola s’enflamme dans les colonnes du quotidien l’Événement : qu’il s’agisse de Manet ou des autres, il exige « que les artistes qui seront à coup sûr les maîtres de demain ne soient pas les persécutés d’aujourd’hui » (l’Événement, 27-30 avril 1866).

1.5. LE CHOIX DE LA RUPTURE

Forts de leur entente et de leur volonté commune d’indépendance, ces habitués du café Guerbois imaginent vers 1867 de constituer une association afin d'organiser des expositions et des ventes. Mais les divergences sont encore trop nombreuses pour que le projet aboutisse, le point sensible restant la question du Salon, que Manet, Degas, Renoir, Sisley et Cézanne n’ont pas encore renoncé à investir.

Un assouplissement de son règlement, en 1869, rend un moment l'espoir aux artistes, différant leur projet. Tous les peintres ayant déjà exposé sont en effet admis à participer à l'élection du jury : Edgar DegasHenri Fantin-LatourCamille Pissarro, Renoir et Manet peuvent exposer leurs œuvres, mais Sisley, Cézanne et Monet sont refusés.

Pendant la guerre franco-prussienne et la Commune (1870-1871), Pissarro et Monet trouvent refuge à Londres, où ils rencontrent le marchand d’art et galeriste Paul Durand-Ruel (1831-1922) qui s’intéresse à leur peinture.

Les réunions parisiennes ne reprennent qu'en 1872, cette fois-ci à la Nouvelle-Athènes, un café de la rue Pigalle. Cette année-là, Durand-Ruel multiplie ses achats : 30 toiles de Manet, plusieurs de Renoir, Sisley et Monet. Ce soutien arrive à temps, car, en dépit des récents changements politiques, le milieu artistique officiel reste hostile à la nouvelle peinture.

Manet, Pissarro, Cézanne, Renoir, Fantin-Latour, Jongkind et de nombreux autres peintres adressent une pétition au ministre de l'Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts pour réclamer un nouveau Salon des refusés, qu’ils obtiennent. Mais, d'un commun accord, les artistes proches de Manet, à l'exception de Berthe Morisot, choisissent finalement de n’y rien présenter, ayant décidé d'organiser eux-mêmes leurs expositions : ainsi, le 27 décembre 1873, la Société anonyme coopérative des artistes peintres, sculpteurs, graveurs, etc. est fondée par Monet, Renoir, Pissarro, Sisley, Morisot, Cézanne et quelques autres. Cette société éphémère rassemble des artistes aux tempéraments très divers, décidés à défendre ensemble des principes esthétiques nouveaux.

Pour en savoir plus, voir l'article les expositions impressionnistes.

2. L'IMPRESSIONNISME : UNE TECHNIQUE RÉVOLUTIONNAIRE

2.1. THÈMES ET MOTIFS

AU BORD DE L'EAU

Travaillant volontiers par petits groupes de deux ou trois, les impressionnistes ont une prédilection pour les sites au bord de l'eau, les vues tranquilles de villages et les petites villes de la région parisienne – Louveciennes, Marly, Argenteuil, La Celle-Saint-Cloud, Bougival, Chatou – qui constituent le véritable berceau de leur mouvement.

Quelques sites leur doivent leur renommée, comme la Grenouillère, établissement de bains situé au bord de la Seine, à Bougival, très fréquenté par les Parisiens en fin de semaine. Profitant de la résidence de ses parents à Louveciennes, Renoir, accompagné de Monet, travaille à Bougival pendant tout l'été 1869. Sa guinguette, ses bains et ses canots sur le fleuve constituent autant de prétextes à des toiles scintillantes de couleurs.

À l'opposé des paysagistes classiques, qui réalisent des vues champêtres vides de présence humaine, ou parfois animées de nymphes ou de dieux, les impressionnistes se concentrent sur les frondaisons ombrageant la promenade, les reflets du fleuve, l'activité des nageurs et des canotiers, l'animation de la foule.

VUES URBAINES

Familiers de la campagne et des jardins, les artistes n'en négligent pas pour autant les aspects de la vie urbaine. Gustave Caillebotte, Pissarro, Renoir, Monet captent depuis des balcons d'immeubles la vue vertigineuse des boulevards et l'enfilade des façades, l'animation des piétons et des voitures caractéristiques du Paris du Second Empire, rénové par le préfet Georges Eugène Haussmann.

LES SPECTACLES ET LES PLAISIRS

Degas préfère l'atmosphère enfiévrée et secrète des coulisses de l'Opéra, les répétitions, le spectacle sur la scène, la masse compacte des instruments de l'orchestre. L'ambiance canaille du café-concert retient aussi son attention, parfois son ironie, tandis que Renoir s’applique à de grands tableaux où résonne la gaieté simple et populaire des bals de Montmartre.

LA VIE MODERNE

L’écrivain Louis Edmond Duranty livre en 1876 une première étude d’ensemble sur l’ancien groupe des Batignolles (La Nouvelle Peinture : à propos du groupe d’artistes qui expose dans les galeries Durand-Ruel), qui met l’accent, précisément, sur l’importance de la vie contemporaine dans leur art.

Les tableaux impressionnistes constituent, à leur manière, un hymne au modernisme et un témoignage sur le développement de la France au dernier tiers du xixe siècle.

Monet, qui habite Argenteuil, est un utilisateur assidu de la ligne des Chemins de fer de l'Ouest, dont le terminus est la gare Saint-Lazare. En 1877, il prend des croquis sous sa haute verrière et réalise une série de peintures sur l'arrivée des trains en gare, fixant les épais nuages de vapeur qui diffractent la lumière.

2.2. TOUCHE ET COMPOSITION

LA JUXTAPOSITION DE MASSES COLORÉES

Ces scènes mouvementées et joyeuses nécessitent une touche légère, rapide, pour être fixées sur la toile. La composition se réduit souvent à un équilibre entre de grandes masses juxtaposées, qui ne sont pas fondues.

La surface du tableau, de près, apparaît chaotique, mais elle trouve son harmonie à distance, donnant l'illusion d'une vue instantanée, d'un motif entrevu. Le traitement se fait flou sur les lointains ; les plans successifs s'étagent et se fondent par des passages lumineux.

L’INFLUENCE DES ESTAMPES JAPONAISES

Les estampes japonaises constituent à cet égard un modèle nouveau. En 1856, le graveur Félix Bracquemond, un ami de Manet, découvre un volume d'estampes d'Hokusai, qui passe de main en main parmi les artistes de son entourage. Après l'ouverture, en 1862, de la Porte chinoise, une boutique spécialisée, les estampes circulent encore plus largement à Paris ; à la fin de sa vie, Monet ne possède pas moins de 200  planches d'Utamaro, Hokusai et Hiroshige.

Avec leurs motifs simplifiés, souvent tronqués, leurs plans juxtaposés, ces créations exotiques aident les artistes à dépasser la vision occidentale traditionnelle.

2.3. LE TRAITEMENT DE LA LUMIÈRE

Les impressionnistes s’efforcent d’exprimer la lumière avec le plus de vérité possible.

À partir de 1874, Manet lui-même éclaircit ses toiles, délaisse les noirs profonds pour peindre des ombres colorées. Il passe l'été dans la maison familiale du Petit-Gennevilliers, non loin d'Argenteuil où réside Monet, avec qui il peint les mêmes sujets et qu’il représente sur son bateau-atelier.

Quelques kilomètres en aval, Sisley prend possession des rives herbeuses du fleuve, s'attachant à traduire les mouvements des barques, le passage du vent dans les arbres, les reflets changeants du ciel sur l'eau.

LES SAISONS

L’été, dont la vive luminosité engendre des contrastes violents, n’est pas la seule saison retenue par ces artistes, qui s'intéressent également aux teintes assourdies des demi-saisons. Sisley, en particulier, excelle dans les ciels pommelés et la suggestion des feuillages d'automne ; ses gris et ses beiges légers évoquent les délicates harmonies de Corot.

LA NEIGE COMME UN MIROIR

La neige, enfin, constitue un motif de choix pour tous les impressionnistes. Pour Monet, les rigueurs de l’hiver offrent un spectacle à la fois mélancolique et grandiose, en particulier en 1880 lorsqu’à la suite du dégel, la carapace de glace de la Seine se rompt brusquement. « Nous avons eu ici une débâcle terrible et naturellement j’ai essayé d’en faire quelque chose. », écrit l’artiste dans une lettre, annonçant plusieurs tableaux sur le thème des « Glaçons » qui sont autant de prétextes pour mêler le liquide et le solide, les tons de l’eau et ceux du ciel.

Chez Renoir, pour qui le blanc n'existe pas dans la nature, les champs immaculés sont comme un miroir où se reflète le ciel. Alors, la neige revêt diverses teintes selon le moment de la journée : vertes et jaunes le matin, rouges et jaunes le soir, bleues, parfois roses.

2.4. COULEUR PURE ET CONTRASTES

Les conditions du travail en plein air déterminent une technique particulière. Il s’agit de peindre vite, avec un matériel aisément transportable – et donc réduit. La palette des couleurs employées par les impressionnistes est limitée, et l’application de ces couleurs sur la toile est relativement grossière.

UNE PÂTE ÉPAISSE

Au mépris des conventions traditionnelles selon lesquelles le pinceau du peintre ne doit laisser aucune trace, aucune empreinte, Cézanne étend la pâte en épaisseur, Monet ou Renoir la déposent en « virgules » bien grasses.

Cette technique, qu’on explique parfois par l’invention contemporaine des tubes de peintures en métal mou (on conservait jusque-là la peinture fraîche dans des vessies de peau), suscite sur le moment une vive réprobation. Pourtant, les impressionnistes n'utilisent que rarement, çà et là, des teintes pures, sorties du tube.

MÉLANGE OPTIQUE

Avant tout, ils obtiennent l'intensité colorée de leurs tableaux en jouant sur la juxtaposition des couleurs. Deux teintes complémentaires placées côte à côte se renforçant, ils n'hésitent pas à rapprocher un rouge d'un vert, un jaune d'un violet, un bleu d'un orangé.

Les peintres connaissent le livre publié en 1839 par le chimiste Eugène Chevreul, qui faisait état de toutes les transformations subies par les couleurs selon leur voisinage. Pour éviter de salir leurs tonalités par des mélanges, ils préfèrent juxtaposer des teintes de nuances opposées, laissant l'œil recomposer à distance la combinaison. Ce phénomène est alors connu sous le nom de « mélange optique ».

3. L'HISTOIRE DE L'IMPRESSIONNISME

3.1. LES TEMPS DIFFICILES

LE RÔLE DE DURAND-RUEL

Les premières années de l’histoire de l’impressionnisme sont marquées par de très grandes difficultés. Économiques surtout ; car à l’exception de Degas, qui d’ailleurs est issu de la grande bourgeoisie, les peintres de la Société anonyme vendent très mal leurs œuvres. Il faut le courage et la ténacité du marchand d’art Durand-Ruel, qui prend de gros risques, pour constituer le réseau des premiers clients – parfois guère plus riches que les artistes – et réguler les cotes.

PREMIERS ACHETEURS

En s’éloignant du Salon officiel, les impressionnistes se coupent du circuit ordinaire des commandes. Or la vente d’un tableau à un collectionneur privé ne garantit pas à l’auteur une publicité comparable à celle d’un achat par l’État. De surcroît, un revers de fortune peut provoquer une catastrophe. C’est ce qui arrive lorsqu’Ernest Hoschedé (1837-1891), important négociant de tissu, est déclaré en faillite. En 1878, plus de cinquante tableaux impressionnistes lui appartenant sont mis en vente aux enchères, et l’effondrement des cours s’ensuit : « La vente Hoschedé m’a tué », résume Pissarro.

Mais la vente aux particuliers peut aussi asseoir les carrières, lorsque ces particuliers possèdent une « surface sociale », une visibilité importante. C’est le cas notamment du chanteur Jean-Baptiste Faure (1830-1915), propriétaire à un certain moment de pas moins de 67 Manet et 63 Monet, ou de Georges Charpentier (1846-1905), éditeur de Zola et de Guy de Maupassant, qui reçoit chez lui des hommes politiques, et dont les murs sont couverts de tableaux de Monet et, surtout, de Renoir.

3.2. VERS LA RECONNAISSANCE

DES RAILLERIES AU SOUTIEN

La critique elle aussi joue un rôle, à condition de porter son attention sur cette nouvelle peinture. Le pire ennemi des artistes est le silence : tout lui est préférable, et même les railleries et les moqueries, qui, au moins, attirent l’attention.

De fait, celles-ci sont prodiguées assez largement aux impressionnistes. Puis à partir des années 1880, un progrès est sensible. L’exemple des initiateurs commence à porter : après Zola, c’est Duranty ou Philippe Burty qui prennent la relève, puis Théodore Duret et, surtout, le romancier Joris-Karl Huysmans, dont les textes ciselés sont repris dans l’Art moderne (1883) puis dans Certains (1889).

L’ÉCLOSION DU NÉO-IMPRESSIONNISME

Dans les années 1880, Paul Gauguin rejoint Pissarro à Rouen. Doyen des impressionnistes, ce dernier est le plus ouvert aux innovations de ses confrères et apporte son soutien à Cézanne comme à Gauguin ; les jeunes peintres apprécient son affabilité et sa disponibilité légendaires. C'est vers lui que se tourne aussi Paul Signac en 1885.

Fervent admirateur des impressionnistes, et de Monet en particulier, Signac en adopte les touches fragmentées et les couleurs pures. Sa rencontre avec Georges Seurat marque les prémices d'un nouveau mouvement pictural, le néo-impressionnisme, dans lequel la touche morcelée des impressionnistes laisse place à de minces tirets, parfois à des points – d'où le nom de « pointillisme » bientôt donné à cette technique.

Dès 1885, Pissarro adopte le procédé dans ses toiles. Il peut ainsi retrouver une vigueur nouvelle dans ses compositions, que la touche floue et allusive de l'impressionnisme avait eu tendance à dissoudre. Signac s'engage à son tour dans cette voie, que Gauguin, lui, refuse de suivre.

3.3. SUCCÈS… ET FIN DU MOUVEMENT IMPRESSIONNISTE

Après de longues années de lutte, les impressionnistes commencent à connaître une certaine renommée, que Durand-Ruel tente d'élargir outre-Atlantique. Quelques semaines avant l'exposition de 1886, le marchand s'embarque à destination de New York avec plus de 300 toiles de ses peintres, bien décidé à ouvrir le Nouveau Monde à l'art moderne.

L'année 1886, avec la dernière exposition du groupe et l'avènement du néo-impressionnisme, marque la fin de l'aventure impressionniste.

RETOUR AUX INDIVIDUALITÉS

Certains artistes, comme Sisley ou Jean-Baptiste Armand Guillaumin, resteront fidèles à cette esthétique. D'autres, comme Monet, avec sa série des Cathédrales et celle de ses Nymphéas, la dépasseront. Ces toiles, où la lumière et la couleur deviennent le véritable sujet du tableau, le conduiront aux portes de l'abstraction.

Cézanne, pour qui l'impressionnisme ne fut qu'une brève aventure, poursuit ses recherches dans le Midi. À la touche fractionnée de l'impressionnisme il oppose une construction rigoureuse de la forme par la couleur, ouvrant la voie au cubisme.

Grand admirateur du maître d'Aix, Gauguin se tourne vers un art simplifié, traitant la forme en grandes masses colorées, cherchant à réaliser une synthèse entre le dessin et la couleur. Ses premières recherches, menées en Bretagne, le mèneront bientôt à Tahiti.

UN TOURNANT DE L’ART MODERNE

En moins de vingt ans, la peinture a réalisé l'une des révolutions les plus importantes de son histoire. Né sous le signe de Manet, l'impressionnisme annonce déjà, à la fin des années 1880, les grandes mutations du siècle suivant. En laissant l'artiste donner libre cours à l'interprétation de ses impressions et de son expérience intime, il transforme la peinture en un langage émotionnel contrôlé, soutenu par une théorie de la couleur et de la lumière.

À partir de 1890, la cote des Impressionnistes commence à grimper et son ascension ne s'arrêtera plus, témoignant de l'engouement constant des collectionneurs et du public des musées pour leurs toiles aux tonalités tantôt vives et gaies, tantôt douces et mélancoliques, qui fixent tout un monde de sensations et de visions éphémères.

L'influence des trouvailles impressionnistes (mélange optique, valeurs claires, vibration de la lumière artificielle ou solaire, souci non plus de la densité, mais de la légèreté des choses) servira de point de départ à des maîtres de génie comme Toulouse-LautrecVan Gogh et plus tard Bonnard.

3.4. QUELQUES PAGES CRITIQUES

« Disons pourtant que, s’il plaît à ces messieurs de se servir de la brosse par le manche, au lieu de la retourner à l’endroit, personne n’a rien à y voir ; mais alors c’est à la condition de justifier ce mode de réalisation, et de prouver qu’on peint mieux avec un couteau à palette qu’avec les crins d’un pinceau. Cela pourra venir ; pour le moment ce n’est pas encore venu. »
(Marc de Montifaud, « Exposition du Boulevard des Capucines », l’Artiste, 1er mai 1874).

- « Il est vrai qu’il est déjà honorable de déblayer le chemin pour l’avenir, pour peu qu’on soit tombé sur la bonne voie. Aussi rien de plus caractéristique que l’influence des peintres impressionnistes – refusés chaque année par le jury – lorsqu’elle s’exerce sur les peintres aux procédés adroits qui constituent chaque année l’ornement du Salon… »
(Émile Zola, « Nouvelles artistiques et littéraires », le Messager de l’Europe, juillet 1879).

- « L’impressionnisme n’est guère que la codification de l’ébauche. Nous sommes loin de le proscrire ou du moins de le dédaigner. […] Mais élever l’ébauche à la hauteur d’un système, c’est de la théorie sans portée, si même, le plus souvent, ce n’est pas de l’impuissance et une simple forme de l’escamotage. »
(Henry Trianon, « Sixième exposition de peinture par un groupe d’artistes : 35, boulevard des Capucines », le Constitutionnel, 24 avril 1881).

- « J’ai souvent pensé avec étonnement à la trouée que les impressionnistes et que Flaubertde Goncourt et Zola ont fait dans l’art. L’école naturaliste a été révélée au public par eux ; l’art a été bouleversé du haut en bas, affranchi du ligotage officiel des Écoles. »
(Joris-Karl Huysmans, « Le salon de 1879 », l’Art moderne, 1883).

- « Depuis des milliers d’années, tous les gens qui se mêlent de peindre empruntent leurs procédés d’éclairage aux vieux maîtres. […] C’est au petit groupe des impressionnistes que revient l’honneur d’avoir balayé tous ces préjugés, culbuté toutes ces conventions. L’École nouvelle proclamait cette vérité scientifique : que la grande lumière décolore les tons, que la silhouette, que la couleur, par exemple, d’une maison ou d’un arbre, peints dans une chambre close, diffèrent absolument de la silhouette et de la couleur de la maison ou de l’arbre, peints sous le ciel même, dans le plein air. »
(Joris-Karl Huysmans, « L’Exposition des indépendants en 1880 », l’Art moderne, 1883).


L’impressionnisme : le mouvement qui libère la création

Le 15 avril 1874 est une date marquante pour l’univers de l’art pictural. Un nouveau courant artistique est né : l’Impressionnisme. Comme certains autres mouvements artistiques révolutionnaires, l’Impressionnisme n’a pas été accueilli comme il devrait l’être. Les premiers tableaux impressionnistes ont même créé des scandales. Retour sur ce courant qui a fortement influencé l’art, notamment, dans la mesure où il a favorisé la liberté artistique.

Sisley – Le Pont Moret

 La naissance de l’impressionnisme

Ce 15 avril 1874 s’ouvre la toute première exposition impressionniste. À ce moment-là, un groupe de peintre expose leurs œuvres au 35 boulevard des Capucines, à Paris, dans les studios d’un célèbre écrivain et photographe qui s’appelle Nadar. Refusés par le salon officiel, ces peintres ont décidé de louer ce studio privé, pour montrer au public le fruit de leur talent, expression de leur liberté de création. Mais même s’ils ont réussi à dénicher un lieu qui a accepté de les héberger, le public n’était pas réceptif. Pire encore, les critiques n’ont pas été tendres avec eux.

Dans un article paru dans le Figaro le 3 avril 1876, le journaliste critique d’art, Albert Wolff a été particulièrement impitoyable envers ces peintres. Voici ce qu’il disait à propos de l’exposition : « Ces soi-disant artistes s’intitulent les intransigeants ; ils prennent des toiles, de la couleur et des brosses, jettent au hasard quelques tons et signent le tout. »

Mais il y avait aussi et surtout Louis Leroy, journaliste et critique d’art, qui avait assisté à l’exposition en 1874. Dans le journal français satirique qui s’appelait Charivari, voici ce qu’il a écrit : « Impression, j’en étais sûr. Je me disais aussi, puisque je suis impressionné, il doit y avoir de l’impression là-dedans… Et quelle liberté, quelle aisance dans la facture ! Le papier peint à l’état embryonnaire est encore plus fait que cette marine-là ». Et c’est de là qu’est né l’appellation : « Impressionnisme ».  

Ainsi, à ses débuts, la peinture impressionniste était synonyme de scandale tandis que les peintres ont été jugés comme des provocateurs. Seuls, certains de leurs amis et quelques écrivains ont soutenu ce nouveau courant artistique qui détonne de tout ce que l’on pouvait voir auparavant. Heureusement, aujourd’hui, les toiles impressionnistes sont devenus presque des classiques et a influencé les techniques de peinture les plus contemporaines.

Les peintres impressionnistes

Né dans la deuxième moitié du XIXème siècle en France, l’Impressionnisme regroupe de nombreux peintres qui désiraient s’éloigner du style de peinture traditionnel et qui aspiraient à une peinture plus libre, avec des thèmes diversifiés. Nous avons sélectionné parmi eux, 6 peintres qui ont principalement marqué ce mouvement artistique, dont deux femmes qui ont brillé dans un univers largement dominé par les hommes.   

Claude Monet

Claude Monet est considéré comme le père de l’Impressionnisme. Après le critique plus ou moins acerbe de Louis Leroy, il a appelé un de ses tableaux : « Impression, soleil levant ». Cette toile, réalisée en 1872, est devenue l’œuvre emblématique de l’Impressionnisme. En effet, c’est quand Monet a donné ce nom à son tableau que le mouvement a été baptisé officiellement : « Impressionnisme ».

Monet- Impression soleil levant

Monet avait eu très tôt une prédisposition pour l’art. Encore lycéen, il peignait déjà des caricatures qu’il exposait dans un magasin de fournitures de dessin. Ses proches l’ont soutenu dans cette voie, toutefois, son aversion pour la peinture académique a créé des tensions au sein de sa famille.

Si au début, Claude Monet avait été boudé par les collectionneurs, les années d’après marquaient l’essor de l’impressionnisme et il était invité à participer à de nombreuses expositions. À la fin des années 1880, ses œuvres recevaient enfin les éloges qu’elles méritent et Monet est devenu un peintre renommé. La lumière était toujours au centre de ses paysages. À cause de cette passion pour la lumière, il lui arrivait de peindre le même sujet sous différentes lumières, à différentes heures de la journée. À son décès, Monet a laissé plus de 2 000 œuvres répertoriées.

Monet – Les Coquelicots

Camille Pissarro

Fils d’un père juif français d’origine portugaise émigré, et d’une mère créole des Antilles danoises, Camille Pissarro a passé la plus grande partie de sa vie en France. Déjà, tout petit, quand il était en pensionnat dans un petit village des environs de Paris, il dessinait à la campagne et visitait les musées parisiens. En 1852, quand son père refusait qu’il s’adonne à sa passion, en l’occurrence, la peinture, il s’était enfuit au Venezuela où il restera deux ans. En 1855, son père a enfin accepté qu’il devienne peintre. Il a, alors, envoyé Pissarro suivre une formation à Paris.

À cette époque, il adorait déjà dessiner des paysages. Il peignait, notamment, dans les environs de Paris et ses réalisations étaient influencées par le style du peintre graveur, Camille Corot, qu’il affectionnait particulièrement et avec lequel il était contact. C’est à ce moment-là qu’il voulait devenir peintre paysagiste.

Contrairement à ses autres amis impressionnistes, Camille Pissarro était régulièrement admis à des salons d’exposition. Malheureusement, ses œuvres ne trouvaient pas beaucoup d’acquéreurs, alors que comparé à Monet, à Renoir et à Sisley, il avait une plus grande expérience de la peinture et donc, une plus grande maturité se reflète dans ses œuvres.

Le talent de Camille Pissarro n’a été reconnu que vers la fin des années 1870, après qu’il ait participé aux huit expositions des peintres impressionnistes. En 1882, il a élargi son horizon. Si avant, il se consacrait presque exclusivement aux paysages, il commençait à peindre des scènes avec de nombreux personnages. Il n’est plus seulement paysagiste. Il est aussi devenu peintre de figures. Il a également essayé d’autres techniques, comme le pointillisme.

Vers 1890, son problème de vue empêchait Pissarro de continuer à peindre en extérieur. Il louait, alors, des chambres un peu partout, en France et il dessinait ce qu’il voyait à partir de l’endroit où il se trouvait : boulevards, fleuves, ponts… Comme Monet, il peignait ses sujets sous différentes lumières, afin de satisfaire ses nombreux acheteurs. En effet, Camille Pissarro a tout à fait acquis sa place d’honneur au sein de l’Impressionnisme. Cela se traduisait, au moins, par l’influence qu’il avait sur ses disciples, si l’on ne cite que le grand Cézanne.

Pissarro – Gelée blanche

Pierre-Auguste Renoir

Renoir est reconnu comme un peintre impressionniste, pourtant, il était en recherche, presque toute sa vie. Il est passé par de nombreuses périodes où il s’éloignait du mouvement. Toutefois, son nom est toujours prononcé quand il s’agit d’énumérer les peintres impressionnistes.

Fils d’un modeste tailleur de pierres, Auguste Renoir a été, à 14 ans, apprenti dans une fabrique de porcelaine. Il y a appris la peinture sur porcelaine. Il a également appris à dessiner sur d’autres supports comme de la peinture de tentures d’Église. Quand Renoir avait réuni la somme nécessaire, en avril 1862, il a intégré l’École des Beaux-Arts. En même temps, il fréquente aussi l’Atelier de Charles Gleyre, là où il fera connaissance avec Alfred Sisley, Frédéric Bazille et Claude Monet.

Déjà à cette époque, Renoir hésitait beaucoup quant au choix de son style. Il a d’abord été influencé par Monet, qui avait fait beaucoup de recherches sur la lumière naturelle. Avec ses recherches à lui, il a commencé à explorer divers autres styles. D’un côté, il était un peu obligé de réaliser différentes sortes de tableaux, afin de satisfaire tous les goûts, car il lui était primordial de vendre ses toiles pour vivre. D’un autre côté, il désirait, plus que tout, se faire une place à Paris, en tant que peintre.

C’est seulement en 1869, quand il peignait avec Monet, un lieu de loisir de la bourgeoisie parisienne, que Renoir s’est approprié l’impressionnisme. Avec le précurseur du mouvement, il donnait à ce lieu des coups de pinceau rapides, en esquissant les personnages dans des scènes simplifiés à l’extrême. Toutefois, ses plus grandes œuvres de la période impressionniste se démarquaient de celles des autres, dans la mesure où il était très attaché à la recherche d’une clarté très poussée. Certains de ses tableaux ont même été considérés comme « anti-impressionnistes ».

En 1879, il n’a plus exposé avec les impressionnistes, mais a participé au Salon de l’automne et a connu un grand succès. Ce qui lui a permis de sortir de la misère. Cela dit, pendant sa période misère, il a pu exécuter de nombreuses œuvres qui ont marqué l’impressionnisme.

Au début du XXème siècle, Renoir était atteint de rhumatismes articulaires et en janvier 1912, il était très diminué par une paralysie des jambes et des bras. Il avait subi des opérations, mais a dû continuer à peindre avec un pinceau attaché à sa main. Cela a duré sept ans, jusqu’à ce qu’il rend l’âme le 3 décembre 1919. On estime qu’il a peint près de 4 000 toiles au cours de ses 60 ans de carrière.

Paul Cézanne

Contrairement à beaucoup de ses amis impressionnistes, Paul Cézanne est issu de la bourgeoisie. Il a fait toutes ses études à Aix et y a acquis une solide culture classique. Il y a également suivi des cours gratuits de dessin. Son père voulait qu’il fasse des études de droit, mais il a préféré approfondir la peinture à Paris. Il a échoué le concours d’entrée à l’École des Beaux-Arts, mais en fréquentant l’Académie Suisse, il s’est lié d’amitié avec Pissarro et  Guillaumin. Il a retenté le concours d’entrée, un an plus tard, et a réussi à intégrer l’Ecole des Beaux-Arts.

À dire vrai, Cézanne ne partageait avec ses amis impressionnistes que le désir d’apporter de l’innovation dans la peinture. Ses toutes premières œuvres le prouvent. En effet, Paul Cézanne était plus attiré par le romantisme de Delacroix, mais aussi par le réalisme de Courbet. De ce fait, ses tableaux ont parfois l’air un peu bancal et maladroit. Malgré les appuis dont il bénéficiait, il n’a réussi qu’une seule fois à participer au Salon Officiel de Paris. Cependant, on pouvait déjà accorder à Cézanne le mérite d’avoir exploité différentes thématiques : portraits, scènes historiques, paysages, natures mortes…

Ayant toujours eu l’habitude de peindre en atelier, il a fini par imiter Pissarro et s’est mis à peindre intensément des paysages. Leur collaboration, qui durait du printemps 1872 à la fin mai 1874, a marqué particulièrement l’Impressionnisme. Cézanne s’est laissé complètement emporté par le courant artistique, mais en même temps, il échangeait régulièrement avec Guillaumin et Pissarro sur la manière qui pourrait les emmener à représenter la nature de façon exacte.

Pissarro a pu faire en sorte que Cézanne participe à la première exposition impressionniste, en 1874. Cependant, comme celles de tous les autres peintres, les toiles de Cézanne a reçu des critiques acerbes. Il n’a plus voulu prendre part à la deuxième exposition, en 1876, mais est revenu en 1877, pour récolter la même hostilité du public. C’est à ce moment-là qu’il a décidé de prendre ses distances avec ses amis impressionnistes. À la fin des années 1870, Cézanne trouvera enfin sa voie : il inventait son style personnel.

Même si Cézanne a été longtemps critiqué, actuellement, il est reconnu comme un des plus grands peintres qui ont marqué l’histoire de l’art. Son implication dans le mouvement impressionniste a eu une importance, même si cela n’a duré que peu de temps. Décédé en 1906, Paul Cézanne a reçu un grand hommage posthume en 1907, au moment où les mouvements postimpressionnismes sont nés.

Cézanne – La Montagne Sainte-Victoire

Mary Cassat

Issue de la bourgeoisie américaine Mary Cassatt s’est expatriée à Paris dans les années 1860, pour étudier la peinture, sans le consentement de sa famille. Elle est restée en France jusqu’à son décès, en 1926, à l’âge de 82 ans. Elle est une incontournable du mouvement impressionniste, qui était largement dominé par des hommes machistes.

C’était Edgar Degas, un des exposants au premier événement impressionniste, qui a introduit Mary Cassat dans leur cercle. Malgré cela, le peintre macho n’a pas été tendre avec la peintre américaine. Il la critiquait ouvertement et parfois, de façon très cruelle, mais elle ne se laissait pas déstabilisée par ses confrères. Elle disait même vouloir « être une Michel-Ange au féminin » et désirait voir ses œuvres exposées dans les musées, auprès de celles des plus grands peintres.

En effet, Mary Cassat était aussi un grand féministe, et cela se traduisait clairement dans ses tableaux. Dans la plupart de ses réalisations, on pouvait noter des femmes grandes, très fortes et confiantes. C’est l’image des femmes qu’elle souhaitait véhiculer. Toutefois, et notamment en France, elle n’a pas vraiment obtenu la place qu’elle méritait. Ses collègues impressionnistes n’ont jamais réellement célébré son talent. De ce fait, elle a surtout vendu ses œuvres à ses compatriotes américains.

La plus grande contribution de Mary Cassatt dans l’impressionnisme est le fait d’avoir vulgarisé ce courant artistique aux Etats-Unis. Grâce à elle, le mouvement a touché plus durablement le public et les collectionneurs, comparé à ce qui s’est passé en France. Elle a participé à la dernière exposition impressionniste qui a eu lieu en 1886, puis elle a choisi de se spécialiser dans le portrait de mères et d’enfants. Ce choix était assez risqué à l’époque. Pour preuve, très peu de ces spécialistes de la mère et de l’enfant ont marqué l’histoire de la peinture, mais Mary Cassatt en est une exception.

Mary Cassatt – Petite fille dans un fauteuil bleu

Berthe Morisot

Née en 1841, fille d’un haut fonctionnaire, Berthe Morisot étaient la belle-sœur d’Edouard Manet, épouse de son frère Eugène. C’est en 1857 qu’elle a pris ses premiers cours de dessin chez Guichard, ensuite, de 1860 à 1862, elle et sa sœur Edma sont devenues des élèves privées de Corot. Ce dernier leur a conseillé de peindre en extérieur.

Très tôt, en 1864, les deux sœurs Morisot ont été admises au Salon officiel où Berthe exposait des paysages. Depuis, elle participait régulièrement à ce salon. À partir de 1868 où elle a rencontré Edouard Manet, elle servait régulièrement de modèle au peintre. En 1869, sa sœur Edma se marie et abandonne la peinture tandis que Berthe va continuer à parfaire sa technique. C’est ainsi qu’elle a pu participer à la première exposition impressionniste en 1874. Les tableaux qu’elle présentait étaient d’une légèreté, caractéristique du courant artistique qu’elle a épousée. Sa renommée gagnée très tôt en a pris un coup, avec celle de ses collègues.  

Malgré cela, Berthe Morisot était devenue une fervente adepte de l’Impressionnisme. Elle a participé à toutes les expositions organisée par le mouvement, sauf en 1878, pour raisons de santé. Elle a même soutenu financièrement la cause des impressionnistes. Même si cet univers a été dominé par les hommes, elle obtenait, quand même le respect des artistes et d’autres personnalités, grâce à son talent indéniable et ses qualités humaines.

Elle continuait à mettre des touches de légèreté dans ses toiles et le sujet qu’elle privilégiait est la famille. Sa première exposition personnelle, qui a eu lieu en 1892, a connu un franc succès. L’Etat lui achetait un tableau, pour la première fois, en 1894. L’une des plus célèbres femmes impressionnistes a été emportée par la grippe le 2 mars 1895. Elle a reçu un grand hommage chez Durand-Ruel, avec 300 de ses œuvres exposées au public.

Berthe Morisot – Le berceau

Les principales caractéristiques de l’impressionnisme 

À leur façon, les impressionnistes ont révolutionné la manière de peindre et de concevoir la réalité. Selon la définition du principal précurseur du mouvement, Claude Monet, il s’agit d’une forme de peinture faite en plein-air, caractérisée par des coups de couteaux rapides, spontanés et amples. Si l’on résume de façon très simple, voici les principales caractéristiques de l’impressionnisme :

  • Ils mélangent les couleurs directement sur la toile et ils les posent par petites touches.
  • Ils optent pour des teintes claires et vives, avec des ombres colorées.
  • Ils préfèrent les toiles de petits formats et ils peignent souvent sur le vif, produisant ainsi des œuvres facilement compréhensibles.
  • Leurs sujets sont inspirés de la vie moderne ou des paysages. Les peintres impressionnistes aiment, notamment, la nature.
Degas– La classe de danse

L’on considère que le mouvement impressionniste s’achève en 1886, date de la dernière exposition pour laisser place à la période postimpressionniste, où d’autres mouvements ont apparu. Une des raisons qui a signé la fin de ce courant qui a duré moins d’une décennie, est la querelle qui s’est éclaté à l’intérieur même du groupe. En effet, Monet, Renoir, Sisley et Cézanne refusaient de participer à la cinquième exposition, car ils ne voulaient pas accrocher leurs œuvres à côté de celles de Paul Gauguin, invité par Pissarro et Degas. Et pour la dernière exposition en 1886, il y avait eu le tableau de Georges Seurat, s’intitulant « Un Dimanche à la Grande Jatte ». Exposé parmi les œuvres impressionnistes, cette toile ne respectait pourtant rien des caractéristiques de l’impressionnisme. Ce tableau marquait, en quelque sorte, l’entrée dans un air nouveau pour l’histoire de l’art.

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