Rembrandt van Rijn, l’insondable

Une prise de conscience précoce
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Amsterdam comme nouvelle étape
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La faillite
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Anecdotes sur Rembrandt
- D’après certains spécialistes de Rembrandt, ce dernier aurait antidaté quelques-unes de ses œuvres, afin que celles de Lievens donnent l’impression d’avoir été inspirées par celles de Rembrandt et non l’inverse.
- Durant les années 1630, Rembrandt apposa sa signature sur un certain nombre de créations de Lievens. Nul ne sait si les deux hommes eurent encore des contacts après 1631. Mais après la faillite de Lievens, Rembrandt acquit l’une de ses peintures.
- Certains spécialistes affirment que dans la première œuvre de Rembrandt « La Lapidation de saint Étienne », les autoportraits de l’artiste seraient au nombre minimum de 3.
- Rembrandt aimait aussi glisser des portraits de ses proches dans ses œuvres.
- « La Ronde de nuit » était une œuvre aux dimensions conséquentes. Ces dernières furent diminuées en 1715 quand le tableau fut transféré dans un autre bâtiment dont les murs étaient trop petits.
- « La Ronde de nuit » n’est pas le titre réel de cette œuvre. En réalité, on ignore le titre exact de l’œuvre. Il s’agit en fait d’un groupe sortant à la lumière du jour et ce n’est qu’au 19e siècle que l’œuvre fut nommée ainsi. Le vieillissement du vernis et la saleté provoquent cette illusion de nuit.
- Il existe un flou en ce qui concerne les œuvres attribuées à Rembrandt. En effet, l’artiste n’hésitait pas à signer de son nom des œuvres réalisées par ses collaborateurs. Ces derniers ainsi que des imitateurs firent de même en signant du nom de Rembrandt. Alors, le nombre d’œuvres authentiques répertoriées passa de 600 à 1000 avant de retomber à nouveau à 600. Actuellement, ce nombre a été ramené à 300 œuvres « estimées comme authentiques ». L’enjeu financier est de taille, car une œuvre authentique peut se vendre une trentaine de millions d’euros et avoir acquis une œuvre désavouée représente une perte colossale.
- En mars 1990, « Le Christ dans la tempête sur la mer de Galilée » fut volée, ainsi qu’une dizaine d’autres œuvres également de Rembrandt, mais aussi de Vermeer, Manet, Degas ou Flinck. La valeur totale des pièces volées a été estimée à 500 millions de dollars.
- Comme sa peinture, la vie de Rembrandt fut pleine de zones d’ombres. Il donna toujours l’impression de cacher quelque chose, de se dérober. Bien qu’il ait eu une demeure spacieuse, son installation fut laborieuse et désordonnée. Pendant bien longtemps, tout ce que l’on savait du peintre était lié au témoignage de ses élèves. Donc entre jugements et rumeurs, autant dire que cela ne pesait pas lourd. Les éléments de sa personnalité dont on parlait le plus fréquemment concernaient ses bizarreries et ses manies. On le disait aussi intéressé, cupide ou encore dissipateur et désordonné dans ses dépenses, mais aussi solitaire et ombrageux. La gestion de son enseignement pouvait aussi surprendre; il mettait ses élèves dans des chambres à compartiments, veillait à ce qu’il n’y eût entre eux ni contact ni influence et tirait de cet enseignement méticuleux de gros revenus.
- Il avait aussi l’image d’un brave homme, appréciant les choses simples comme la vie de couple ou un feu de cheminée, ne supportant pas le célibat ou le veuvage. On dit qu’il fut réellement épris de sa première femme Saskia, qu’il peignit souvent, mais jamais comme elle était vraiment. L’artiste renvoyait donc des images de lui très différentes.
- Il n’eut pas beaucoup d’amis non plus malgré ses différentes relations; rêveur et taciturne, c’était un homme à part.La question de l'authenticité des œuvres de Rembrandt, qui se pose depuis longtemps, atteint des proportions étonnantes. On lui a attribué jusqu'à un millier de tableaux, puis entre 700 et 600 dans la première moitié du xxe siècle, pour arriver à 420 aujourd'hui – en attendant peut-être la nouvelle évaluation qui résultera des conclusions du Rembrandt's Research Project (« Projet de recherche sur Rembrandt ») mené depuis 1968 à Amsterdam. Cette étude d'expertise n'a pas épargné certaines toiles célèbres, comme l'Homme au casque d'or (1650), dont on lui a retiré la paternité.
Autres œuvres
« Le Festin de Balthazar », 1635« Les Pèlerins d’Emmaüs », 1648Autoportrait avec béret et col droit, 1659Autoportrait en Zeuxis, 1663« Autoportrait aux deux cercles », 1665-1669« Le Retour du fils prodigue », 1663-1669Rembrandt Harmenszoon Van Rijn, dit Rembrandt
Rembrandt, Portrait de l'artiste à la tête nue Peintre et graveur néerlandais (Leyde 1606-Amsterdam 1669).
Maître absolu du clair-obscur en son siècle, Rembrandt fut le type même de l'artiste en qui s'incarne le mythe du génie créateur. Il représente aussi un modèle d'artiste-philosophe, dont la longue méditation sur le sens de la destinée humaine a une portée universelle.
1. APPRENTISSAGE À LEYDE
Fils d'un riche meunier, dont le moulin se dresse au bord d'un ancien bras du Rhin (d'où le nom de famille « Van Rijn »), Rembrandt fait des études classiques qui lui permettent de s'inscrire à l'université – mais, sans doute, ne la fréquente-t-il pas, car il décide de se consacrer à la peinture.
En 1621, il entre en apprentissage à Leyde et, comme le métier l'exige alors, il se forme à la préparation de la toile et des couleurs, puis à la technique du dessin. En 1624, il se rend à Amsterdam, où il est accueilli dans l'atelier de Pieter Lastman, un émule du Caravage, qui est alors le meilleur peintre d'histoire de la ville.
2. INSTALLATION À AMSTERDAM
Rembrandt, le Pasteur Cornelis Claesz. Anslo De retour à Leyde en 1625, Rembrandt, âgé seulement de 18 ans, ouvre son propre atelier et, en 1628, il prend un élève qui n'est autre que Gerard Dou.
À cette époque, les artistes travaillent à la commande. Mais, en Hollande, celle-ci ne peut émaner ni de l'Église, car les temples protestants n'exposent pas de peintures, ni de l'État, car le stathouder, membre de la famille d'Orange, qui le dirige est plutôt un chef militaire qu'un souverain susceptible d'exercer un mécénat.
En revanche, dans un pays devenu puissance commerciale, les nombreux bourgeois qui se sont enrichis désirent faire faire leur portrait ou acheter des tableaux. Aussi Rembrandt choisit-il, à la mort de son père en 1631, de se fixer à Amsterdam, qui est la capitale économique de la Hollande.
3. LA RICHESSE ET LA GLOIRE
Rembrandt À Amsterdam, Rembrandt entreprend aussitôt la composition qui va lui apporter la célébrité, la Leçon d'anatomie du docteur Tulp (1632), appartenant au genre alors très prisé du portrait collectif.
Il abandonne le patronyme Van Rijn et, désormais, signera « Rembrandt fecit » (« Rembrandt a fait »). Par là même, non seulement il affirme son individualité, mais il établit le statut de l'artiste moderne.
En 1634, il épouse Saskia Van Uylenburgh, la nièce du marchand de tableaux chez lequel il loge. Auprès de celle dont la beauté et l'élégance lui inspireront de nombreux portraits, il connaît bonheur et succès, mais, atteinte de tuberculose, Saskia meurt en 1642, le laissant seul avec son fils, Titus, né l'année précédente.
Il gagne alors beaucoup d'argent, car il est le premier à mettre ses tableaux en vente, afin de laisser le marché en fixer la valeur. Son atelier, fréquenté par de nombreux élèves, ajoute à sa gloire.
4. L'ADVERSITÉ...
Rembrandt, la Ronde de nuit Tandis que Saskia se meurt, Rembrandt achève la Ronde de nuit (1642), qui marque son entrée dans la période des vicissitudes, tant matérielles que morales.
L'œuvre, en effet, est mal accueillie par ses commanditaires ; du coup, les autres clients du peintre s'éloignent de lui. On lui reproche aussi de prendre pour modèles, de préférence aux grands personnages du moment, des vieillards et de pauvres gens.
Aux difficultés financières s'ajoutent des déboires avec l'Église, qui, en 1654, l'accuse de concubinage parce qu'il s'est mis en ménage avec une jeune paysanne, Hendrickje Stoffels (1625-1663), qui était jusque-là sa servante. Au même moment, son tableau Bethsabée au bain est taxé d'immoralité.
5. ...ET LA RUINE
Rembrandt, le Sacrifice d'Abraham Rembrandt, qui s'est trop endetté, ne peut éviter qu'en 1656, l'année de sa seconde Leçon d'anatomie , ses créanciers ne fassent faire l'inventaire de ses biens, pour qu'ils soient vendus aux enchères.
Après avoir quitté sa fastueuse demeure du quartier juif d'Amsterdam (aujourd'hui musée), il emménage dans un quartier plus modeste (Rozengracht) ; avec Hendrickje et Titus, il y fait commerce d'objets d'art et de curiosités, naturelles ou exotiques.
Rembrandt travaille cependant à d'ultimes toiles, dans lesquelles sa hardiesse et son originalité atteignent à leur plus haut niveau (le Reniement de saint Pierre, 1660). Il honore certaines commandes, en délaisse d'autres, tandis que plusieurs, comme les Syndics des drapiers (1662), lui sont retournées.
Fuyant les honneurs, il ne recherche plus que la compagnie des gens simples. En 1663 meurt Hendrickje, qui lui avait inspiré l'un des types de beauté féminine les plus émouvants de vérité de toute l'histoire de la peinture. Rembrandt a encore la douleur de perdre son fils, en 1668, avant de s'éteindre lui-même, à l'âge de 63 ans, presque oublié de ses contemporains. Sa personnalité demeure, à bien des égards, énigmatique.
6. LE SENS PROFOND DE L'ŒUVRE
Rembrandt, Autoportrait aux yeux hagards Dessinateur d'une remarquable fécondité et modernité, Rembrandt est aussi l'auteur de près de 300 gravures (paysages, sujets religieux et mythologiques) ; à ce titre, il est considéré comme le plus grand aquafortiste de tous les temps (les Trois Arbres, la Pièce aux cent florins, Jésus prêchant). Son style évolue de la même manière dans son œuvre peint et dans son œuvre gravé.
C'est autant à travers lui-même (soixante-deux autoportraits étant authentifiés) qu'à travers ses proches et tous ceux qu'il rencontre que Rembrandt représente la condition humaine et scrute son mystère – quand ce n'est pas en s'inspirant d'épisodes bibliques (le Christ se révélant aux pèlerins d'Emmaüs, 1648).
C'est grâce à son génie du clair-obscur que la lumière, dont il dispose à son gré, semble émaner du tableau lui-même. On le voit commencer par retracer la réalité physique, presque anecdotique, des êtres et des choses, pour parvenir à exprimer la vérité de la vie, tant apparente qu'intérieure (Aristote contemplant le buste d'Homère,, 1653).
Les scènes conventionnelles sont toujours transformées par certains détails : un personnage qui regarde le spectateur dans la première Leçon d'anatomie, ou la reprise d'une représentation du Christ mort par Mantegna dans la seconde Leçon d'anatomie. Avec Rembrandt, la moindre scène quotidienne s'élève à un sens métaphysique qui ne laissera pas de fasciner peintres et écrivains au cours des siècles.
7. LE DÉBAT SUR L'AUTHENTICITÉ
Rembrandt, Philosophe en méditation Il apparaît que de nombreux tableaux furent sans doute exécutés par des assistants qui travaillaient dans l'atelier du maître, ou qu'ils en sont des copies tardives. Ce n'est pas la preuve que Rembrandt manquait d'originalité, mais plutôt que, pour affirmer la singularité de son œuvre, il avait lui-même encouragé la reproduction de sa manière de peindre.
8. CITATIONS
« Si je veux enrichir mon esprit, je ne cherche pas les honneurs, mais la liberté. »Rembrandt
« Rembrandt a une palette mystérieuse, parce qu'il a un génie intime, rêveur et profond. »
Charles Blanc (1813-1882), fondateur de la Gazette des beaux-arts
« Rembrandt sait que la chair est de la boue dont la lumière fait de l'or. »
Paul ValéryRembrandt van Rijn
Doté d’une sensibilité et d’un esprit remarquablement inventif, Rembrandt van Rijn (Leyde 1606 – Amsterdam) aborde avec succès une grande variété de techniques et de genres. Ce peintre, dessinateur et graveur qui ne sortit jamais de son pays, produit, grâce au traitement original de ses sujets et de la lumière, des œuvres d’une grande universalité et d’une grande spiritualité. Formé à Leyde auprès du peintre Swanenburg, qui a voyagé en Italie et lui enseigne la peinture d’histoire puis en 1624 avec Pieter Latsman, auprès de qui il s’initia au clair-obscur. Installé à Leyde en 1625, puis à Amsterdam en 1631, où il connut un grand succès comme portraitiste, peintre d’histoire et graveur, mais il laisse au domaine du paysage ou de la nature morte des contributions magistrales. Les œuvres de sa maturité peuvent rivaliser avec le souvenir des grands maîtres italiens ou le renom plus récent d’un Rubens ou d’un Velázquez. Peu à peu, il délaissa la recherche de l’effet dans son travail de la lumière au profit d’une intensité expressive apte à traduire le monde intérieur des sentiments et de l’âme dans un élément souvent mystérieux. L’évolution de la mode, à partir du milieu des années 1650, est défavorable à l’orientation psychologique et introspective d’une peinture dont la richesse n’est plus jugée assez démonstrative.
L’Enlèvement d’Europe, 1632, Rembrandt (Los Angeles, Paul Getty Museum). Même pour un portraitiste aussi sollicité que Rembrandt, la représentation de scènes empruntées à la Bible, à l’histoire et la mythologie gréco-romaine figurait au sommet de la hiérarchie picturale. Rembrandt narre ici une histoire très populaire à l’époque : déguisé en taureau blanc, Jupiter enlève Europe, princesse phénicienne dont il est amoureux et la conduit vers le continent qui portera son nom.
Soulignée par l’éclairage dramatique, l’intensité de la scène est remarquable. Le fait qu’Europe (d’après Ovide) ait été enlevée sur la plage donne au peintre l’occasion de faire allusion à l’activité portuaire du port d’Amsterdam où il résidait : une grue contemporaine et des voiliers émergent de la brume sous un ciel menaçant.
Autoportrait jeune, vers 1634, Rembrandt (Florence, Galleria degli Uffizi)
La Ronde de nuit ou La Compagnie de Franz Banning Cocq et de Willen van Ruytenburch, 1642, Rembrandt, (Amsterdam, Rijksmuseum). Au XIXe siècle, à cause d’une couche de vernis jauni, l’œuvre fut baptisée « La Ronde de nuit’. En 1975, cette couche fut enlevée et la composition retrouva sa lumière originale. Mais le célèbre titre a été conservé. Au siècle de Rembrandt, les gardes civiques étaient des associations de citoyens haut placés. Au sein de la cité, elles étaient responsables du maintien de l’ordre, mais acquirent peu à peu une fonction cérémonielle. Afin de décorer leurs salles de fête, ces gardes commandaient des portraits de groupe où se faisaient immortaliser. Dans cette toile gigantesque, le peintre présente une vue instantanée d’un groupe de personnes en mouvement : leur cortège vient de passer une porte de la ville.
Le capitaine Cocq tend le bras gauche. Ce geste révèle son statut de chef et semble inviter le groupe à se mettre en mouvement. L’ombre de son bras se dessine sur le lieutenant Van Ruytenburch, l’homme au remarquable habit jaune violemment éclairé. La tension dramatique qui caractérise ce tableau doit beaucoup aux jeux de lumière. À l’instar du lieutenant, la fillette – également vêtue de jaune – se trouve en pleine lumière. Elle court de la gauche vers la droite, à contresens du groupe. Un poulet mort pend à sa ceinture. Il s’agit là d’une allusion aux arquebusiers (« kloveniers »).
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