marți, 28 septembrie 2021

Bruegel / Turnul Babel 2

 https://artifexinopere.com/blog/interpr/peintres/brueguel/la-pie-sur-le-gibet/


http://bruegel.pieter.free.fr/babel.htm

Bruegel



Bruegel au-delà du visible

Reindert Flakenburg & Michel Weemans, Bruegel, Hazan, 2018

On a de Pieter Bruegel*, d’ordinaire, la vision d’un peintre ayant inventé le paysage moderne, mais aussi d’un conteur ironique des scénettes paysannes : un pinceau virtuose montrant la beauté du monde avec une abondance de détails. L’intérêt de ce livre sur Bruegel paru il y a quelques mois chez Hazan sous la plume de deux historiens d’art, Reindert Falkenburg et Michel Weemans, est, non de nous montrer, mais de nous amener à voir un Bruegel différent. Ce livre, maginifiquement illustré, avec de nombreuses planches montrant des détails de tel ou tel tableau, n’est pas une monographie classique, mais c’est un argument à deux voix. Les deux auteurs montrent comment Bruegel use de procédés visuels, détails cachés, images pièges, entrelacement, saturation, pour amener le regardeur à s’interroger sur ce qu’il voit, à dépasser l’anecdote visuelle pour accéder à un « oeil intérieur », spirituel, qui peut s’interpréter comme une leçon de morale ou de spiritualité, ou simplement comme un soupir mélancolique ou désabusé.  Il est rare qu’un texte sur une oeuvre d’art aiguise ainsi le regard, stimule l’imagination et la curiosité, et, tout en ne prétendant pas avoir résolu l’énigme, vous en rende conscient. Ce sont des textes à savourer, dans un incessant aller-retour avec l’image.

Pieter Bruegel, Les Chasseurs dans la neige, 1565, huile sur bois, 117x162cm, Vienne, Kunsthistorisches Museum

L’analyse de tableaux comme Paysage d’hiver (l’Adoration des Mages), Le Portement de Croix, ou la série des Saisons par Falkenburg est en tout point remarquable. J’en donnerai un simple exemple.  Dans Les Chasseurs dans la neige (la saison hivernale), on note toutes sortes de curieux détails, le feu devant l’auberge, l’homme qui trébuche sur un seau, le renard comme seul gibier, les chasseurs et leurs chiens abattus, les traces de lapins, le feu de cheminée au loin : simples anecdotes, mais toutes sont des signes d’échec, d’aveuglement, de manque d’attention. Et la clef (une des clefs) est l’enseigne brinquebalante de l’auberge, qu’il faut regarder attentivement pour y discerner le miracle de Saint Hubert, et donc un crucifix entre les bois du cerf : dans ce tableau, tous sont aveugles à la présence du Christ . Cette incapacité de voir est à la fois le sens (un sens) du tableau, et un défi au regardeur.

Pieter Bruegel, Les Apiculteurs, plume et encre brune, 1568, 203×30.9cm, Berlin, Kupferstichkabinett

Le texte de Weemans, tout aussi riche en analyse de tableaux, s’attache à démonter l’image-piège dans le tableau, que ce soit un visage caché apparaissant dans des rochers (Portement de Croix), dans un jeu de bérets au sol (Les Jeux d’enfants), ou dans l’image de trois canards (Les Apiculteurs, son dernier dessin, mystérieux à souhait). L’analyse de Dulle Griet (Margot l’enragée) laisse un peu sur sa faim, tant le tableau, foisonnant et complexe, se prêterait à bien plus d’exégèses, mais celle du Triomphe de la Mort est très riche. J’ai appris au passage le mot « rhyparographique » à propos (dans Les Jeux d’enfants) d’une fillette jouant avec une bouse de vache. Enfin, comme cet auteur insiste sur l’image double, l’image piège, il nous offre aussi une anthologie des pièges (à oiseaux) chez Bruegel.

Pieter Bruegel, Le Triomphe de la Mort, huile sur bois, 117x162cm, Madrid, Musée du Prado

L’opposition entre Bruegel, peintre vernaculaire et satirique, et ses contemporains inspirés par Rome (sujets élevés et modèles antiques) est mise en lumière (de son séjour en Italie en 1552-54, Bruegel  ne rapporta que des paysages), tout comme sa filiation avec BoschPatinir et met de Bles, mais ce sont là travaux  plus classiques d’historiens. A noter l’exposition à Vienne, qui vient de fermer.

Livre reçu en service de presse.
* graphie adoptée par les auteurs, plutôt que Brueghel.

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Chasseurs dans la neige

Chasseurs dans la neige
Image dans Infobox.
ArtistePieter Brueghel l'Ancien
Date1565
Type
Scène de genre (en)paysageVoir et modifier les données sur Wikidata
Matériau
huile sur panneau de bois (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Dimensions (H × L)117 × 162 cm
Mouvement
Propriétaires
Collection
No d’inventaire
GG_1838Voir et modifier les données sur Wikidata
LocalisationKunsthistorisches MuseumVienne (Autriche)

Les Chasseurs dans la neige (en néerlandais : Jagers in de Sneeuw) est un tableau de Pieter Brueghel l'Ancien réalisé en 1565. C'est un exemple de la Renaissance flamande. L'œuvre est conservée au Kunsthistorisches Museum de Vienne, en Autriche. Le tableau mesure 117 cm sur 162 cm.

Description

Le tableau est signé en bas au milieu « BRVEGEL. M.D.LXV »1.

Ce tableau hivernal de Breughel l'Ancien est l'un des plus célèbres paysages de neige de l'histoire de la peinture. Les flocons ne tombent pas, comme dans d'autres tableaux, mais de nombreuses nuances de blanc, où dominent les teintes vertes, suggèrent avec vraisemblance l'atmosphère d'une campagne enneigée depuis fort longtemps. Toits, branches d'arbres et murs permettent au peintre de conférer à la neige des qualités plastiques.

Au premier rang, il dispose des ronces qui percent le manteau neigeux et en laissent deviner le poids. S'en revenant de la chasse avec leurs chiens, des hommes laissent dans la neige de profondes traces de pas. Leur descente vers la vallée accompagne le regard du spectateur qui y découvre une multitude de scènes hivernales : de divers jeux sur un étang gelé, à un feu de cheminée.

À l'horizon, sur la droite, des rochers escarpés font contrepoint à la diagonale de la colline au premier plan et marquent de leurs formes minérales le caractère rebutant de l'hiver.

Contexte

Il règne alors une rigueur hivernale intense en Europe depuis le début du xive siècle et qui durera jusqu'en 1860, ce que l'on appellera le petit âge glaciaire2. Mais l'hiver 1565 aux Pays-Bas est encore plus rude, marqué par d'importantes chutes de neige ; on rapporte ainsi que « les chevaux en ont jusqu'au ventre »2.

Le tableau Des chasseurs dans la neige débute ce qui sera un thème majeur de la peinture flamande : le climat2. Mais comme la plupart des représentations hivernales du siècle d'or hollandais, la peine ou la misère engendrées par ces conditions météorologiques n'apparaissent pas2.

Série[modifier | modifier le code]

Ce tableau fait partie d'une série de six, illustrant les six saisons que l'on distinguait alors aux Pays-Bas : début du printemps, printemps, début de l'été, été, automne et enfin hiver, sur ce tableau qui représente les mois de décembre et de janvier3. En tout cinq tableaux sont conservés. La Journée sombre (avant printemps) et La Rentrée des troupeaux (automne) sont au Kunsthistorisches Museum de Vienne ; La Fenaison (début de l'été) est exposée au Palais Lobkowitz du château de Prague4 et La Moisson (Été) au Metropolitan Museum of Art de New York5

Histoire de la série

Bruegel a réalisé la série pour le collectionneur d'art Niclaes Jonghelinck à Anvers. En 1594, elle a été offerte en cadeau à Ernest d'Autriche6. Dans l'inventaire de son héritage du 17 juillet 1595, les tableaux sont définis comme « six panneaux des 12 mois de Jars von Bruegel ». Ensuite ils ont probablement fait partie de la collection de Rodolphe II de Habsbourg à Prague. Il est certain qu'en 1659 ils étaient inscrits à l'inventaire de la collection de Léopold-Guillaume de Habsbourg au Stallburg de Vienne. Ensuite la trace est perdue.

Ce n'est que dans le catalogue de 1884 qu'il est noté que le tableau est présent au dépôt et que, par conséquent, il n'y était pas auparavant.

Postérité

Copie

Copie réalisée par Pieter Brueghel le Jeune.

Au Fuji Art Museum de Tokyo se trouve une copie que Pieter Brueghel le Jeune a réalisée librement d'après le tableau de son père7.

Cinéma

Littérature

Un roman de Jean-Yves LaurichesseLes Chasseurs dans la neige9, imagine un épisode de la vie du peintre ainsi que la genèse de cette œuvre majeure.

Illustration

  • Un détail du tableau (le premier plan) est employé pour illustrer la première de couverture du roman L'Œuvre au noir de Marguerite Yourcenar en édition poche chez Gallimard, et pour illustrer le coffret des œuvres complètes dans la collection Bibliothèque de la Pléiade.
  • Deux détails de ce tableau (l'oiseau sur la branche pour le tome 1 et l'oiseau en vol à droite pour le tome 2) sont utilisés pour les couvertures des deux tomes du roman Le Vertige d'Evguénia Guinzbourg.

Notes et références

  • Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Œuvre peint de Pieter Brueghel l'Ancien » (voir la liste des auteurs).
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    • ruegel
    Larry Silvermaître en 1551. En réalité, nous avons très peu de certitudes sur sa vie. Ce qui en fait un personnage vraiment énigmatique. Il était manifestement fasciné par la nature, l’humanité et l’humour ; ce n’est pas un artiste que l’on range facilement dans une catégorie.



Après avoir passé ses premières années dans l’anonymat, Bruegel se fait connaître du grand public une fois installé à Anvers qui, à l’époque, est un haut lieu de la renaissance de l’érudition et de l’art en Europe. Là-bas, il fait ses armes en tant que peintre et graveur avant de rejoindre les rangs de la Guilde de Saint-Luc, un club de grands artistes qui rassemble véritablement l’élite des peintres flamands : Pierre Paul Rubens, Hans Memling et les deux fils de Bruegel, Pieter Brueghel le Jeune et Jan Brueghel.


Après un bref séjour en Italie, Bruegel emménage finalement à Bruxelles. C’est que la ville attire les artistes et la nouvelle noblesse urbaine. Là, il continue à produire chef-d’œuvre sur chef-d’œuvre dans son style emblématique: fortement authentique mais hautement symbolique, profondément ancré dans la tradition locale mais toujours universel de par le sens et la portée des œuvres, et toujours populaire en dépit de l’iconoclasme ironique Bruegel, qui rappelle souvent Jérôme Bosch.
Le Paysage d’hiver avec patineurs et trappe aux oiseaux exposé aux Musées royaux des Beaux-Arts de Bruxelles, qui illustre à merveille le talent magistral de l’artiste, mérite d’être regardé de plus près. La peinture annonce la défaite de la guerre de Quatre-Vingt Ans, qui déchire les Pays-Bas et change à jamais la société que Bruegel avait si finement observée.

Bruegel meurt en 1569 et est enterré à l’église Notre-Dame de la Chapelle, où il s’était jadis marié, près du Sablon à Bruxelles. Les deux fils de Bruegel, Pieter (le Jeune) et Jan (l’Ancien), nés respectivement en 1564 et 1568, deviennent des artistes notables de plein droit.





Bruxelles met Pieter Bruegel à l'honneur en 2019

Bruxelles rendra hommage à Pieter Bruegel l'Ancien à l'occasion du 450e anniversaire de son décès. L'événement entre dans la lignée des trois années culturelles dédiées aux maîtres flamands, en 2018-2020. L'un des moments les plus attendus sera le retour à la Maison-Musée Mayer van den Bergh à Anvers du célèbre tableau Dulle Griet après l'importante restauration qui lui a rendu sa splendeur d'origine.

Les œuvres majeures du peintre enfin réunies

Père d'une dynastie de peintres, Brueghel est aimé dans le monde entier. Mais jusqu'à présent, les tentatives pour organiser des expositions sur sa production ont échoué, principalement en raison de la fragilité et de la valeur de ses œuvres.

L'exposition, qui célèbre le 450e anniversaire de la mort de l'artiste, comprend des prêts des principaux musées européens. Certaines des peintures ont été expressément restaurées pour l'exposition. Environ 30 peintures et 60 dessins sont exposés. Deux peintures de la "Tour de Babel", respectivement du musée Boijmans Van Beuningen de Rotterdam et de la collection du Kunsthistorisches Museum, sont réunies pour la première fois. Parmi les autres chefs-d'œuvre, "Adoration des mages sous la neige" (1563) de Am Römerholz de Winterthur et deux œuvres restaurées pour l'occasion: "Margherita la pazza" (vers 1562) du musée Mayer van den Bergh à Anvers et «Le triomphe de la mort» (1562-153) du Prado de Madrid.

Un peintre célèbre, un homme mystérieux

On sait peu de choses sur la vie de Brueghel: il est né à Anvers entre 1525 et 1530 et a probablement appris à peindre dans l'atelier de Pieter Coecke van Aelst, qui épousa plus tard sa fille et mourut à Bruxelles en 1569. On sait qu'il voyagea à travers l'Italie avant la naissance de ses fils Pieter et Jan, qui se sont produits respectivement en 1564 et 1568. Bien que célèbre au XVIIe siècle, Brueghel est tombé dans l'oubli avant d'être redécouvert à la fin du XIXe siècle, mais toute sa production n'a pas survécu. Certaines des œuvres de tissu, par exemple, étaient trop délicates.

Focus sur les techniques picturales de Bruegel

Grâce à l'enthousiasme des collectionneurs de Habsbourg au XVIIe siècle, le Kunsthistorisches Museum possède la plus grande collection de peintures de l'artiste. Les six années de recherche qui ont précédé le spectacle ont été fondamentales pour l'obtention de prêts. Il existe en effet beaucoup de littérature sur Bruegel, mais pas sur ses méthodes de travail. 2019 sera donc l'occasion de projeter une lumière neuve sur ce peintre phare.

Pour plus d'informations, visitez : https://visit.brussels/fr/lists/bruegel-brussels

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Jour 20 : Le dénombrement de Bethléem par Brueghel L'Ancien

Publié le : 20 Décembre 2014

Le Dénombrement de Bethléem est un tableau peint par Pieter Brueghel l'Ancien en 1566. Il est conservé aux Musées royaux des beaux-arts de Belgique à Bruxelles. La scène représente un épisode décrit dans l'évangile de saint Luc lorsque Joseph et Marie, alors enceinte, se rendent à Bethléem pour se faire enregistrer conformément aux ordres de César Auguste.

Comme à son habitude, Brueghel transpose la scène à son époque. C’est un village flamand, couvert de neige. On y trouve des paysans aux multiples taches, des femmes aux activités diverses...

Marie est au premier plan sur un âne accompagnée du bœuf et précédée de Joseph qui porte une grande scie de charpentier. Ils vont faire la file, comme les autres habitants rassemblés devant un guichet, pour se faire enregistrer. 

Autour d'eux, ce sont des scènes de la vie quotidienne qui sont représentées : on tue le cochon, on cuisine au milieu des poules tandis que les enfants jouent sur la glace ou à la toupie.

C'est dans ces scènes de la vie quotidienne que s’incarne l’enfant-Dieu, inconnu au milieu d’une foule, au milieu d’une scène de village...

LE DÉNOMBREMENT DE BÉTHLÉEM PAR BRUEGHEL L'ANCIEN 

LE DÉNOMBREMENT DE BÉTHLÉEM, DETAILS, PAR BRUEGHEL L'ANCIEN 

Extrait de la Bible...

A cette époque-là parut un édit de l'empereur Auguste qui ordonnait le recensement de tout l'Empire. Ce premier recensement eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie. Tous allaient se faire inscrire, chacun dans sa ville d'origine. Joseph aussi monta de la Galilée, de la ville de Nazareth, pour se rendre en Judée dans la ville de David, appelée Bethléhem, parce qu'il était de la famille et de la lignée de David. Il y alla pour se faire inscrire avec sa femme Marie qui était enceinte.

Naissance de Jésus à Bethléhem (Luc 2.1-20)


AU FIL DES SAISONS AVEC PIETER BRUEGEL L’ANCIEN

*** Contribution extérieure***

Vous en avez marre d’avoir très froid pendant quelques mois, puis très chaud les mois suivants ? Vous rêvez de pouvoir sauter d’une saison à une autre en claquant des doigts ? Eh bien, n’attendez plus, votre souhait peut se réaliser à tout moment ! Non, non, nous ne sommes pas en train de vous vendre un chauffage-climatiseur. Nous vous proposons quelque chose de bien plus intéressant ! Une rencontre avec Bruegel, ça vous dit ? Et vous passerez du soleil à la neige en un instant ! Comment est-ce possible ? Vous n’allez pas tarder à le savoir.

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Pieter Bruegel l’Ancien – La fenaison, 1565 (le cycle des saisons : juin-juillet)

Pieter Bruegel l’Ancien serait né entre 1525 et 1530, près de Breda, dans le sud des Pays-Bas. Peu d’éléments sur la vie de ce peintre belge nous sont parvenus et il faut se référer à Karel Van Mander, peintre et écrivain flamand, pour trouver le peu d’informations que nous avons aujourd’hui à disposition. Selon lui, Bruegel est d’abord l’élève de Pieter Coecke van Aelst, peintre flamand rendu célèbre par son tableau évoquant « la Cène » dans une sorte d’auberge. Bruegel sera plus tard fortement influencé par son maître. Durant l’année 1552, il se rend en Italie. Son itinéraire a été reconstitué à partir des dessins réalisés par l’artiste. Il ira jusqu’à Rome et ce voyage sera sûrement le seul de toute sa vie. C’est donc un personnage plutôt casanier et au début de sa carrière, ses ateliers prennent place à Anvers de 1551 à 1562. C’est d’ailleurs en 1551 qu’il est reçu franc-maître à la guilde de Saint-Luc, la corporation des peintres de cette ville. Il devient proche de Hans Franckert, un célèbre marchand originaire de Nuremberg qui deviendra son commanditaire. Dans un de ses articles, Karel Van Mander décrit la relation entre les deux hommes :

« Un marchand, du nom de Hans Franckert, lui commanda de nombreux tableaux. C’était un excellent homme qui était fort attaché au peintre. A eux deux, Franckert et Brueghel prenaient plaisir à aller aux kermesses et noces villageoises, déguisés en paysans, offrant des cadeaux comme les autres convives et se disant de la famille de l’un des conjoints. Le bonheur de Brueghel était d’étudier ces mœurs rustiques, ces ripailles, ces danses, ces amours champêtres qu’il excellait à traduire par son pinceau, tantôt à l’huile, tantôt à la détrempe, car l’un et l’autre genre lui étaient familiers. C’était merveille de voir comme il s’entendait à accoutrer les paysans à la mode campinoise ou autrement, à rendre leur attitude, leur démarche, leur façon de danser. Il était d’une précision extraordinaire dans ses compositions et se servait de la plume avec beaucoup d’adresse pour tracer de petites vues d’après nature. »

Bruegel Flirck
Pieter Bruegel l’Ancien

Le dessin et la vie paysanne dans toute sa réalité, aussi absurde soit-elle, sont les deux passions de Bruegel. En effet, il commencera seulement à peindre durant les dernières années de sa vie. Avant, il était surtout connu pour être un grand dessinateur de gravures et grâce à l’invention de l’imprimerie, il peut facilement diffuser ses créations. Bruegel travaillera pour Jérôme Cock, un imprimeur et peintre qui a pour mission de diffuser les estampes de Bruegel. Dans les listes de ses commanditaires se détache aussi le banquier et fin collectionneur d’œuvre d’art, Nicolaes Jonghelinck qui amasse à lui seul seize tableaux de l’artiste.

Bruegel - Le tour de Babel, Flickr.jpg
Pieter Bruegel l’Ancien – La petite Tour de Babel, 1563

En 1563, il épouse en 1563 Mayken Coeck, la fille de son ancien maître, mort en 1550 et, sous l’exigence de la mère de la mariée, il vient s’installer à Bruxelles. De cette union, naîtront deux fils, Pierre dit « d’Enfer » et Jean dit « de Velours » ou «L’Ancien » qui deviendront à leur tour des peintres de renom. Il s’éteint en 1569 et est inhumé dans l’église Notre-Dame de la Chapelle dans la capitale belge.

Bruegel - Les jours sombres.jpg
Pieter Bruegel l’Ancien – La journée sombre, 1565 (cycle des saisons : février-mars)

Sa vie reste donc très partiellement connue mais son œuvre, elle, présente un peintre au talent nouveau et audacieux. Bruegel est surtout célèbre pour sa série du cycle des saisons, peints en 1565 avec entre autres Chasseurs dans la neige ou La Moisson. A l’origine, cette série de tableaux était une commande du commerçant anversois, Nicolaes Jonghelinck, qui les a entreposés sur les murs d’une même pièce afin d’offrir une totale immersion aux visiteurs. Pour la petite histoire, cette série de cinq tableaux comprend en réalité six tableaux. Les quatre saisons que nous avons l’habitude de traverser sont bien représentées chacune par un tableau mais à l’époque, Bruegel, comme ses contemporains, avait l’usage de rajouter le début du printemps et le début de l’été. Ces représentations se retrouvaient le plus souvent dans des livres de prières où elles figuraient sous la forme de miniatures. Ici, les saisons occupent le milieu de la scène. Malheureusement, les péripéties de l’histoire ont entraîné la perte du tableau du Printemps.

Bruegel - Hivers
Pieter Bruegel l’Ancien – Chasseurs dans la neige, 1565 (cycle des saisons : décembre-janvier)

Les passionnés de Bruegel pourront toujours se consoler avec les cinq autres tableaux qui présentent tous des caractéristiques inédites pour l’époque. Dans ces oeuvres, la nature devient, pour Bruegel, le sujet principal de ses histoires. Chaque scène représente les activités saisonnières allant du patin à glace en hiver à la moisson en étéLe tableau de l’hiver est d’ailleurs un témoignage de l’histoire. Bruegel y décrit la mini ère glaciaire qui a traversé l’Europe durant la Renaissance et que nous retrouvons dans de nombreux écrits. Le souci du détail avec le chasseur en plein tir, les couleurs particulières pour chaque saison, ou encore le mouvement des personnages et de l’eau sont des preuves du génie du peintre. La profondeur dans ses peintures et le point de vue surplombant offrent une manière nouvelle de représenter les paysages. Certaines scènes semblent même avoir été peintes en quelques coups de pinceaux, alliant netteté et sobriété. Avec ses nouvelles techniques, Bruegel a bousculé les habitudes au niveau du rythme et de la composition.

Bruegel - La moisson Flickr.jpg
Pieter Bruegel l’Ancien – La moisson, 1565 (cycle des saisons : août-septembre)

Un côté très mélancolique s’échappe aussi de ces tableaux qui offrent tous une multitude d’histoires dans l’histoire. A chaque passage, les curieux peuvent découvrir de nouveaux détails et prendre goût à l’humour un peu particulier de Bruegel. Dans son tableau La Moisson, le peintre s’est amusé avec des détails qui devaient faire rire ses contemporains. Par exemple, la position des paysannes est la même que celle du blé et il y a un jeu humoristique entre le chapeau et la cruche. Certes, ce n’est pas la blague de l’année mais Bruegel se révèle être aussi un blagueur.

Le repas de noce, peint en 1568, est sûrement le tableau le plus connu de ce peintre de la renaissance. C’est d’ailleurs avec cette œuvre qu’il est aujourd’hui considéré comme le peintre de la vie paysanne. A son époque, les sujets ruraux étaient loin d’être appréciés, ni d’être pris au sérieux. Bruegel a pourtant tenté de représenter le monde paysan avec un réalisme étonnant. Cette salle bondée de paysans est le symbole de la communion et du partage. Les couleurs chaudes appellent le regard et le spectateur n’a qu’une envie, rejoindre la fête et prendre place autour du banquet. Le tableau a même été repris, déformé, dans une des scènes finales de l’album Astérix chez les Belges.

Bruegel - Les noces
Pieter Bruegel l’Ancien – Le repas de noce, 1568 

En 1560, Bruegel peint le tableau Les Jeux d’enfants. Un tableau aussi atypique par le nombre de détails qui figurent sur la toile que par les couleurs bien définies. Plus de 90 jeux d’enfants de l’époque y sont représentés. Allant du cerceau à la marelle, les quelque 200 enfants ont de quoi s’amuser. Bruegel y présente-t-il l’insouciance de l’enfance ou la folie humaine ? Le débat reste ouvert.

Bruegel - Jeux d'enfants
Pieter Bruegel l’Ancien – Les jeux d’enfants, 1560

Et enfin, Bruegel est aussi considéré comme un second Bosch, disparu un demi-siècle plus tôt. Jérôme Bosch, peintre néerlandais mort en 1516, appartient au mouvement des primitifs flamands. Connu pour son célèbre triptyque, Le Jardin des délices, il allie aussi bien créatures fantastiques et symboles métaphoriques. Bruegel s’inspire fortement de Bosch dans son tableau La chute des anges rebelles en 1562 mais y intègre une collection très personnelle de nouveaux monstres et d’animaux découverts durant les dernières conquêtes des Nouveaux Mondes, comme un paresseux d’Amérique du Sud.

Bruegel la chute des anges rebelles Flickr
Pieter Bruegel l’Ancien – La Chute des anges rebelles, 1562
Bruegel -Délice Bosch
Jérôme Bosch – Le jardin des délices, entre 1503-1510

Aujourd’hui considéré comme un des symboles du territoire belge, Bruegel l’Ancien est sûrement l’un des artistes les plus énigmatiques de l’histoire de l’art. Il a transformé la peinture européenne du milieu du XVIe siècle et offre une vision historique tout à fait nouvelle de son époque !


BOUILLON DE CULTURE, SECRETS D'HISTOIRE... DE L'ART

BRUEGEL : HISTOIRES AU CŒUR DE L’HIVER...Marie-Belle Pargeshian

https://www.studinano.com/bruegel-histoires-au-coeur-de-l-hiver




La Procession au calvaire, 1564, Brueghel © Domaine Public / Wikimedia Commons

Pieter Brueghel l’Ancien (vers 1525-1569) est l’un des grands noms de la peinture flamande du XVIe siècle. Découvrez-le au travers de dix anecdotes que l’on ignore souvent à son sujet.

1/ Une biographie approximative

Il est difficile de retracer avec exactitude la vie de Pieter Brueghel l’Ancien, tant les sources sont lacunaires et restent rares. En l’absence de documents biographiques écrits, le travail des historiens de l’art est fait de reconstitutions et d’approximations : la biographie de Brueghel, telle que nous la connaissons aujourd’hui, est basée à la fois sur des hypothèses et sur le peu que relate Carel van Mander, peintre et écrivain flamand contemporain de Brueghel, qui fut son premier biographe.

2/ Brueghel : toponyme ou patronyme ?

D’après certaines sources historiques, Pieter Brueghel l’Ancien est né à Brueghel, près de Breda. Ce petit village se situe pour les uns dans la région du Limbourg entre Liège et Aix-la-Chapelle, pour d’autres dans le Brabant du Nord, près de l’actuelle Eindhoven. Si l’origine du patronyme – et son orthographe : tantôt « Breugel », « Brugel », « Bruegel », etc. – de Brueghel l’Ancien est encore sujet à discussion, il n’en reste pas moins que le nom de son village de naissance est devenu le patronyme de l’une des plus grandes familles de peintres flamands.

3/ Brueghel dessinateur

Si Brueghel est aujourd’hui connu pour ses différents tableaux, il faut savoir qu’il a d’abord été un dessinateur hors pair, effectuant de nombreux dessins et croquis pour le compte d’un imprimeur et marchand d’estampes à Anvers. On mentionne aujourd’hui 67 dessins de Pieter Brueghel l’Ancien, dont une trentaine destinés à la gravure. D’autre part, plus de 80 gravures ont été recensées comme ayant été effectuées d’après des dessins de Brueghel.

4/ Un style inclassable

Bien que formé par Pieter Coecke van Aelst, un peintre romaniste, Brueghel s’affranchit très tôt des techniques de peinture des grands maîtres italiens. Sa peinture et ses tableaux sont aussi différents des primitifs flamands et de leurs représentations réalistes, voire naturalistes, des figures humaines et des décors bourgeois. L’art de Brueghel mélange ces nouvelles préoccupations de l’art figuratif. Témoin des aléas de la vie rurale, il livre une succession d’œuvres lumineuses, où fourmillent de très nombreux personnages, dans un brillant exercice pictural.

5/ Les périodes de Brueghel

La peinture de Pieter Brueghel l’Ancien est classée en trois grandes périodes qui témoignent de l’éclectisme de l’artiste. La première période est celle des grandes compositions où sont représentés des dizaines de personnages pris sur le vif (voir Le Combat de carnaval et carême). La deuxième période regroupe les tableaux appartenant au Cycle des mois. Enfin, on distingue une troisième et dernière période dans la peinture de Brueghel : les grands personnages isolent le paysage, relégué au second plan, comme dans Les Mendiants.

6/ Première peinture rurale

L’œuvre de Brueghel est importante dans l’histoire de la peinture flamande et européenne puisqu’il est l’un des premiers à s’affranchir des postulats religieux et bibliques des représentations artistiques de l’époque. Les scènes villageoises sont en permanence au centre de ses peintures et, lorsque le sujet est religieux (voir son tableau La Chute des anges), il est a priori accessoire par rapport à la composition générale et à l’histoire que raconte l’œuvre. Brueghel ouvre l’art à la peinture rurale, dite profane, à laquelle Robert Campin et van Eyck apporteront ses lettres de noblesse.

7/ Brueghel le « Drôle » chez les paysans

De nombreuses anecdotes concernant la vie et les mœurs de Brueghel relatent que le peintre appréciait tout particulièrement se mélanger aux sphères paysannes de sa région, participant de nombreuses fois à des mariages et autres messes populaires. C’est ainsi qu’il reproduit les scènes paysannes qu’il observe, rapportant avec drôlerie et finesse la légèreté de leurs fêtes et de leurs jeux. Brueghel est d’ailleurs surnommé « Brueghel le Drôle » par ses contemporains, tant il aimait rire et s’amuser en compagnie de ses amis paysans.

8/ Une personnalité singulière

L’écrivain flamand Carel van Mander est le seul à faire mention de la personnalité de Brueghel dans son ouvrage biographique sur les peintres, intitulé Het Schilder-Boeck. On apprend ainsi que le peintre avait deux tempéraments : il « était un homme tranquille, sage, et discret ; mais en compagnie, il était amusant et il aimait faire peur aux gens ou à ses apprentis avec des histoires de fantômes et mille autres diableries ». Brueghel s’amuse et amuse, mais fréquente aussi les intellectuels de son temps et possède un grand savoir littéraire.

9/ La peinture flamande à échelle européenne

Brueghel fait partie, avec Jan van Eyck, Jérôme Bosch et Pierre Paul Rubens, de l’École flamande. A l’époque, ces quatre peintres ont eu une influence notable sur l’art et la peinture européenne et ont de nombreuses fois voyagé dans les pays voisins, dispensant leur savoir et leurs techniques. Sous l’égide de Rubens, c’est Anvers qui deviendra le haut lieu de la peinture flamande à la fin du XVIe siècle, alors que la ville est le centre économique des Pays-Bas.

10/ La célèbre famille des Brueghel

Pieter Brueghel l’Ancien a deux fils. Le premier, Pieter Brueghel le Jeune, dit Brueghel d’Enfer, qui a longtemps été imitateur de l’art de son père, est aussi connu pour ses nombreuses représentations d’incendie. Le second, Jan Brueghel l’Ancien, dit Brueghel de Velours, est célèbre pour ses motifs floraux, ses compositions bibliques et allégoriques. La famille compte d’autres peintres célèbres : Pieter Brueghel III et Jan Brueghel II, petits-fils de de Brueghel, ainsi que Jan van Kessel, arrière-petit-fils du peintre et père de Ferdinand de Kessel et Jan van Kessel II, respectivement peintres baroques flamands.


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