joi, 30 septembrie 2021

Le Massacre des innocents (Brueghel)

 

Le Massacre des innocents (Brueghel)

Le Massacre des innocents
Image dans Infobox.
ArtistePieter Bruegel l'Ancien
Date1565
Type
Matériau
huile et bois sur panneau de bois (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Dimensions (H × L)
109,2 × 158,1 cmVoir et modifier les données sur Wikidata
Mouvement
Propriétaire
Collection
No d’inventaire
RCIN 405787Voir et modifier les données sur Wikidata
LocalisationChâteau de WindsorWindsorBerkshire (Royaume-Uni)

Le Massacre des innocents est un tableau peint par Pieter Bruegel l'Ancien en 1565. Il appartient à la Royal Collection, collection d'œuvres d'art de la famille royale britannique, et est conservé au château de Windsor à Windsor dans le Berkshire au Royaume-Uni. Il s'inspire du Massacre des Innocents, un épisode du Nouveau Testament relaté dans l'Évangile selon Matthieu.

Description

Comme pour d'autres épisodes tirés des Évangiles, Brueghel choisit de représenter le Massacre des innocents dans un cadre contemporain et quotidien. Sous un ciel radieux, dans un très beau paysage couvert de neige, un village flamand est livré à la violence aveugle des soldats chargés de massacrer tous les nouveau-nés de sexe masculin. L'effet d'ensemble produit par le décor masque au premier regard l'atrocité de la scène qui ne se dévoile que progressivement lorsque, à y regarder de plus près, le spectateur découvre des mères éplorées ou hagardes, serrant contre elles des petits cadavres désarticulés et sanguinolents, des parents suppliants ou tentant de défendre ou de cacher quelques enfants encore en vie et, par contraste, l’impassibilité des soldats en armure, groupés en rang serré au fond de la place du village.

Si le choix de placer la scène dans un cadre contemporain en accroit l’impact dramatique, il en accroit aussi l'actualité. Or, Brueghel peint ce tableau alors que le duc d'Albe a été envoyé en Flandres par Philippe II d'Espagne pour rétablir l'ordre après des révoltes protestantes. Brueghel aurait dès lors utilisé le thème du massacre des innocents pour dénoncer les exactions des troupes espagnoles, célèbres par leur brutalité1.

Historique de l'œuvre

Le tableau a été abondamment copié par Pieter Brueghel le Jeune et son atelier quelques décennies plus tard et l’identification du tableau original parmi les nombreuses versions qui nous sont parvenues n'a pas été chose facile. Plusieurs versions proches les unes des autres pouvaient en effet y prétendre, parmi lesquelles la version appartenant à la Royal Collection, mais aussi celle conservée au Kunsthistorisches Museum de Vienne ou celle de la collection Brukenthal à Sibiu. Aujourd’hui, il y a consensus pour admettre que le prototype autographe de Bruegel l’Ancien est le tableau de la Royal Collection conservé à Windsor. Malheureusement, cette œuvre nous est parvenue très altérée2.

Censure de l'empereur Rodolphe II

Acquis en 1662 par le roi Charles II, le tableau est passé par les collections de la reine Christine de Suède, et auparavant encore, par celles de l'empereur Rodolphe II de Habsbourg. C'est probablement sur ordre de ce dernier qu'au tournant du xviie siècle le tableau a été retravaillé en scène de pillage pour en atténuer l'atrocité3. Des flammes ont notamment été ajoutées au-dessus des maisons, et n'ont été nettoyées qu'en 19413. Historiquement chargées de sens, les autres modifications, qui ont consisté en particulier à remplacer des petites victimes par des paquets de linge, des animaux ou des ustensiles divers, n'ont pas été supprimées3. Ainsi, paradoxalement, c'est par les nombreuses copies réalisées par Pieter Brueghel le Jeune et son atelier que l'aspect originel de la composition est connu et visible aujourd'hui.

Copies de Pieter Brueghel le Jeune et son atelier[modifier | modifier le code]

Illus.MuséeVillePaysDimensions (cm)AnnéeNote
Bruegel the Elder Massacre of the Innocents.jpgPalais BrukenthalSibiuDrapeau de la Roumanie Roumanie115,2 x 163,7Signé
P. Brueghel II - De kindermoord.JPGMusée OldmastersBruxellesDrapeau de la Belgique Belgique120,5 x 167Vers 1610
Kindermord (Pieter Brueghel d. J.).jpgMusée d'Histoire de l'artVienneDrapeau de l'Autriche Autriche116 x 160Entre 1565 et 1567
Pieter Brueghel de Jonge (1564 - 1637-38) Kindermoord in Bethlehem - Alte Pinakothek 25-01-2017 16-35-34.jpgAlte PinakothekMunichDrapeau de l'Allemagne Allemagne105,2 x 166,81597
Pieter Bruegel the Elder, Massacre of the Innocents.jpgGemäldegalerieBerlinDrapeau de l'Allemagne Allemagne
Musée des Beaux-ArtsLons-le-SaunierDrapeau de la France France117 x 1631593Signé et daté
Pieter Brueghel de Jonge - Een winterlandschap met de moord op de Onnozele.jpgCollection privée117,5 x 163,3Signé

Massacre des Innocents, Pieter Bruegel: analyse, interprétation3 874 Automatique traduireAuteur du texte original - Neil Cоllins

La description

Image anti-guerre

Détail Bruegel

Habsbourg collectionneurs de Bruegel

miercuri, 29 septembrie 2021

Rembrandt van Rijn, l’insondable

 

Rembrandt van Rijn, l’insondable


Rembrandt van Rijn, l’insondable
15 juillet 1606 – 4 octobre 1669
15 juillet 1606 – 4 octobre 1669

Une prise de conscience précoce

Né à Leyde (Pays-Bas) dans une famille de la bourgeoisie aisée, Rembrandt était le 8e enfant d’une fratrie de 10. C’est dans sa ville natale que Rembrandt évolua jusqu’au début de sa vie d’artiste. D’ailleurs, il suivit ses premiers cours de dessin dès l’âge de 10 ans alors qu’il était scolarisé dans une institution calviniste (doctrine théologique reposant sur le principe de la souveraineté de Dieu en toutes choses). C’est probablement durant les 4 années passées dans cette institution qu’il réalisa que l’art pourrait être un choix de carrière.
Mais est-ce pour cela que ses parents l’inscrivirent juste après dans une université de philosophie? Difficile de se prononcer, mais on ne peut pas dire que ce septennat philosophique fut une grande réussite étant donné que Rembrandt ne suivit aucun cours ou presque. Immédiatement (il n’avait que 15 ans), il décida de devenir apprenti chez un artiste local, Jacob van Swanenburgh. Ce dernier devint célèbre essentiellement parce qu’il fut le premier maître de Rembrandt.
En 1624, à tout juste 18 ans, il prit la direction d’Amsterdam pour passer quelques mois d’apprentissage chez un des plus grands maîtres de la ville à l’époque, Pieter Lastman. Puis, il retourna dans sa ville natale pour ouvrir un atelier avec un autre apprenti de Lastman, Jan Lievens. Ce dernier fut l’un des principaux collaborateurs de Rembrandt puis son concurrent. C’est Jan Lievens qui initia Rembrandt à l’eau-forte (procédé de gravure en taille-douce sur une plaque métallique à l’aide d’un mordant chimique acide).
Et seulement un an plus tard, en 1625, Rembrandt termina sa première grande œuvre connue « La Lapidation de saint Étienne ».
« La lapidation de saint Étienne », Huile sur panneau de chêne, 1625
« La lapidation de saint Étienne », Huile sur panneau de chêne, 1625
Cette peinture représente une scène biblique décrite dans les Actes des Apôtres, à savoir le martyre de saint Étienne, jeune diacre chrétien de Jérusalem, qui fut condamné à mort par lapidation à la suite de faux témoignages.
Le jeune Rembrandt représenta le moment précis où, jeté hors des murs de la ville par la foule en colère, Étienne est encerclé par ceux qui s’apprêtent à lui jeter des pierres. À genoux, il semble invoquer le Ciel et un rayon de lumière l’illumine, faisant allusion à une vision divine située hors champ.
On constate déjà tout le potentiel du jeune artiste et sa maîtrise des lumières pour créer une atmosphère. Rembrandt en aurait même profité pour glisser son autoportrait, juste au-dessus de la tête de saint Étienne.
Deux ans après avoir terminé sa première œuvre majeure, Rembrandt commença à enseigner à d’autres jeunes artistes, dont certains se firent également un nom (comme Gérard Dou).
Autoportrait, « Rembrandt aux yeux hagards », 1630, eau-forte
Autoportrait, « Rembrandt aux yeux hagards », 1630, eau-forte

Amsterdam comme nouvelle étape

Alors que Rembrandt commençait à se faire un nom, un premier officiel lui rendit visite. Il s’agit de Constantin Huygens, poète, écrivain et conseiller du prince de la principauté d’Orange, Maurice de Nassau (ce territoire n’est alors pas français).
Ainsi, il reçut des commandes, vit sa notoriété croître et surtout, il se sortit des difficultés financières. Constantin Huygens, convaincu du talent de Rembrandt, poussa ce dernier à s’installer à Amsterdam en 1631. Il fut alors hébergé par Hendrick van Uylenburgh, très important marchand d’art néerlandais. Cette rencontre avec le marchand d’art se révéla fructueuse, car non seulement Rembrandt épousa sa nièce en 1634, mais il bénéficia aussi des relations de ces deux nouvelles rencontres.
Dès lors, Rembrandt enregistra presque une soixantaine de commandes jusque dans le milieu des années 1630 et vit sa notoriété croître toujours davantage. Il était le peintre à la mode. Rembrandt inventa une lumière arbitraire, nommée « le clair-obscur ». Il devint le génie de la lumière qui éclaire un visage, une main, un objet…
« La Leçon d’anatomie du docteur Tulp », 1632
« La Leçon d’anatomie du docteur Tulp », 1632
« La Leçon d’anatomie du docteur Tulp » était, par exemple, une commande reçue grâce à ses nouvelles relations. La guilde des chirurgiens et leur puissant représentant Tulp étaient à l’origine de cette commande.
« Le Christ dans la tempête sur la mer de Galilée », 1633.
« Le Christ dans la tempête sur la mer de Galilée », 1633.
Sa situation financière s’étant donc améliorée, Rembrandt acheta en 1639 une demeure spacieuse qui lui permit de recevoir et d’exposer. Néanmoins, l’artiste eut les yeux plus gros que le ventre, car il dut s’endetter assez lourdement pour obtenir ce bien immobilier, sans compter qu’en parallèle, l’artiste dépensait aussi beaucoup. Mais l’argent ne fait pas tout; il fut touché par les disparitions successives des enfants qu’il eut avec sa femme Saskia van Uylenburgh. Entre 1635 et 1640, le couple eut 3 enfants qui décédèrent peu de temps après leur naissance.
Leur quatrième enfant, Titus, vit le jour en 1641 et allait atteindre l’âge adulte. En 1642, Saskia, la femme du peintre, décéda (tuberculose).
C’est durant cette période qu’il acheva « La Ronde de nuit »: oeuvre aux dimensions colossales et qui fait le portrait de membres d’une milice civile. La représentation dynamique des personnages fut alors un genre révolutionnaire pour ses contemporains.
« La Ronde de nuit », 1642
« La Ronde de nuit », 1642
Le peintre commença alors à fréquenter celle qui fut la nourrice de Titus; une liaison de 6 ans qui se révéla des plus compliquées et qui valut à Rembrandt les foudres de la famille de sa défunte femme. En effet, l’artiste offrit à sa nouvelle compagne Geertje Dircx, des bijoux ayant appartenu à sa défunte épouse. Rembrandt lui aurait même promis le mariage. Mais pour cela, le peintre aurait dû renoncer à l’héritage de Saskia; une relation prenant des aspects de plus en plus sordides, principalement pour des raisons d’argent. Entre procès et coups de gueule, Geertje Dircx fut condamnée à 12 ans d’internement dans un asile de fous, après avoir mis en gage les bijoux de Saskia. Rembrandt aurait contribué à cette condamnation.
« Le Moulin », 1648
« Le Moulin », 1648
Rembrandt ne baissa pas les bras et entama en 1649 une nouvelle relation amoureuse avec Hendrickje Stoffels, une jeune servante. Elle fut son modèle dans plusieurs de ses tableaux.
Cette nouvelle relation ne plut guère à l’Église. En 1654, Rembrandt et Hendrickje furent accusés de concubinage et traduits devant la cour ecclésiastique. Hendrickje comparut seule et fut excommuniée. La même année, l’artiste et sa compagne eurent une fille nommée Cornélia.

La faillite

L’artiste vivait toujours au-dessus de ses moyens, notamment pour ses recherches artistiques (achats de costumes et d’œuvres d’art). En 1656, comme il n’arrivait plus à payer ses dettes, sa demeure, sa collection ainsi que ses œuvres furent vendues aux enchères.
Il partit vivre avec Hendrickje dans un logement bien plus modeste. Hendrickje et Titus décidèrent de mettre le peintre sous tutelle. Tous les deux eurent aussi l’idée d’installer dans ce nouveau logement une galerie d’art spécialisée dans l’œuvre de Rembrandt. Cela permit de laisser travailler l’artiste sans être assiégé par les créanciers toujours plus nombreux; une situation d’autant plus paradoxale que, si Rembrandt recevait effectivement moins de commandes, elles restaient toujours importantes. Antonio Ruffo et la guilde des drapiers lui adressèrent notamment plusieurs commandes entre 1653 et 1662.
« Aristote contemplant le buste d’Homère », 1653
« Aristote contemplant le buste d’Homère », 1653
« Le syndic de la guilde des drapiers, 1662 »
« Le syndic de la guilde des drapiers, 1662 »
La fin de son existence ne fut décidément pas rose. Hendrickje décéda en 1663 de la peste, tout comme son fils Titus en 1668. Désargenté, Rembrandt aurait même vendu la tombe de sa première femme Saskia afin de financer l’enterrement de la seconde, Hendrickje.
Portrait de Titus, par Rembrandt, 1656-1657
Portrait de Titus, par Rembrandt, 1656-1657
Rembrandt décéda en octobre 1669, entouré de sa fille de 15 ans Cornélia, de sa belle-fille Magdalena (veuve de Titus qui décèdera peu après) et de sa petite-fille de 7 mois Titia (née de l’union entre Titus et Magdalena). Sans-le-sou, il fut inhumé dans une tombe louée anonymement à l’église de Westerkerk. Le reste de la famille ayant des moyens plus que limités, aucun tombeau ne fut construit. Il n’existe plus aucune trace de la tombe de l’artiste, mais au début du 20e siècle, une plaque commémorative fut déposée dans l’église.
Autoportrait, 1669
Autoportrait, 1669

Anecdotes sur Rembrandt

  • D’après certains spécialistes de Rembrandt, ce dernier aurait antidaté quelques-unes de ses œuvres, afin que celles de Lievens donnent l’impression d’avoir été inspirées par celles de Rembrandt et non l’inverse.
  • Durant les années 1630, Rembrandt apposa sa signature sur un certain nombre de créations de Lievens. Nul ne sait si les deux hommes eurent encore des contacts après 1631. Mais après la faillite de Lievens, Rembrandt acquit l’une de ses peintures.
  • Certains spécialistes affirment que dans la première œuvre de Rembrandt « La Lapidation de saint Étienne », les autoportraits de l’artiste seraient au nombre minimum de 3.
  • Rembrandt aimait aussi glisser des portraits de ses proches dans ses œuvres.
  • « La Ronde de nuit » était une œuvre aux dimensions conséquentes. Ces dernières furent diminuées en 1715 quand le tableau fut transféré dans un autre bâtiment dont les murs étaient trop petits.
  • « La Ronde de nuit » n’est pas le titre réel de cette œuvre. En réalité, on ignore le titre exact de l’œuvre. Il s’agit en fait d’un groupe sortant à la lumière du jour et ce n’est qu’au 19e siècle que l’œuvre fut nommée ainsi. Le vieillissement du vernis et la saleté provoquent cette illusion de nuit.
  • Il existe un flou en ce qui concerne les œuvres attribuées à Rembrandt. En effet, l’artiste n’hésitait pas à signer de son nom des œuvres réalisées par ses collaborateurs. Ces derniers ainsi que des imitateurs firent de même en signant du nom de Rembrandt. Alors, le nombre d’œuvres authentiques répertoriées passa de 600 à 1000 avant de retomber à nouveau à 600. Actuellement, ce nombre a été ramené à 300 œuvres « estimées comme authentiques ». L’enjeu financier est de taille, car une œuvre authentique peut se vendre une trentaine de millions d’euros et avoir acquis une œuvre désavouée représente une perte colossale.
  • En mars 1990, « Le Christ dans la tempête sur la mer de Galilée » fut volée, ainsi qu’une dizaine d’autres œuvres également de Rembrandt, mais aussi de Vermeer, Manet, Degas ou Flinck. La valeur totale des pièces volées a été estimée à 500 millions de dollars.
  • Comme sa peinture, la vie de Rembrandt fut pleine de zones d’ombres. Il donna toujours l’impression de cacher quelque chose, de se dérober. Bien qu’il ait eu une demeure spacieuse, son installation fut laborieuse et désordonnée. Pendant bien longtemps, tout ce que l’on savait du peintre était lié au témoignage de ses élèves. Donc entre jugements et rumeurs, autant dire que cela ne pesait pas lourd. Les éléments de sa personnalité dont on parlait le plus fréquemment  concernaient ses bizarreries et ses manies. On le disait aussi intéressé, cupide ou encore dissipateur et désordonné dans ses dépenses, mais aussi solitaire et ombrageux. La gestion de son enseignement pouvait aussi surprendre; il mettait ses élèves dans des chambres à compartiments, veillait à ce qu’il n’y eût entre eux ni contact ni influence et tirait de cet enseignement méticuleux de gros revenus.
  • Il avait aussi l’image d’un brave homme, appréciant les choses simples comme la vie de couple ou un feu de cheminée, ne supportant pas le célibat ou le veuvage. On dit qu’il fut réellement épris de sa première femme Saskia, qu’il peignit souvent, mais jamais comme elle était vraiment. L’artiste renvoyait donc des images de lui très différentes.
  • Il n’eut pas beaucoup d’amis non plus malgré ses différentes relations; rêveur et taciturne, c’était un homme à part.

    Autres œuvres

    « Le Festin de Balthazar », 1635
    « Le Festin de Balthazar », 1635
    « Les Pèlerins d’Emmaüs », 1648
    « Les Pèlerins d’Emmaüs », 1648
    Autoportrait avec béret et col droit, 1659
    Autoportrait avec béret et col droit, 1659
    Autoportrait en Zeuxis, 1663
    Autoportrait en Zeuxis, 1663
    « Autoportrait aux deux cercles », 1665-1669
    « Autoportrait aux deux cercles », 1665-1669
    « Le Retour du fils prodigue », 1663-1669
    « Le Retour du fils prodigue », 1663-1669

    Rembrandt Harmenszoon Van Rijn, dit Rembrandt

    Rembrandt, Philosophe en méditation

    Peintre et graveur néerlandais (Leyde 1606-Amsterdam 1669).

    Maître absolu du clair-obscur en son siècle, Rembrandt fut le type même de l'artiste en qui s'incarne le mythe du génie créateur. Il représente aussi un modèle d'artiste-philosophe, dont la longue méditation sur le sens de la destinée humaine a une portée universelle.

    1. APPRENTISSAGE À LEYDE

    Fils d'un riche meunier, dont le moulin se dresse au bord d'un ancien bras du Rhin (d'où le nom de famille « Van Rijn »), Rembrandt fait des études classiques qui lui permettent de s'inscrire à l'université – mais, sans doute, ne la fréquente-t-il pas, car il décide de se consacrer à la peinture.

    En 1621, il entre en apprentissage à Leyde et, comme le métier l'exige alors, il se forme à la préparation de la toile et des couleurs, puis à la technique du dessin. En 1624, il se rend à Amsterdam, où il est accueilli dans l'atelier de Pieter Lastman, un émule du Caravage, qui est alors le meilleur peintre d'histoire de la ville.

    2. INSTALLATION À AMSTERDAM

    De retour à Leyde en 1625, Rembrandt, âgé seulement de 18 ans, ouvre son propre atelier et, en 1628, il prend un élève qui n'est autre que Gerard Dou.

    À cette époque, les artistes travaillent à la commande. Mais, en Hollande, celle-ci ne peut émaner ni de l'Église, car les temples protestants n'exposent pas de peintures, ni de l'État, car le stathouder, membre de la famille d'Orange, qui le dirige est plutôt un chef militaire qu'un souverain susceptible d'exercer un mécénat.

    En revanche, dans un pays devenu puissance commerciale, les nombreux bourgeois qui se sont enrichis désirent faire faire leur portrait ou acheter des tableaux. Aussi Rembrandt choisit-il, à la mort de son père en 1631, de se fixer à Amsterdam, qui est la capitale économique de la Hollande.

    3. LA RICHESSE ET LA GLOIRE

    À Amsterdam, Rembrandt entreprend aussitôt la composition qui va lui apporter la célébrité, la Leçon d'anatomie du docteur Tulp (1632), appartenant au genre alors très prisé du portrait collectif.

    Il abandonne le patronyme Van Rijn et, désormais, signera « Rembrandt fecit » (« Rembrandt a fait »). Par là même, non seulement il affirme son individualité, mais il établit le statut de l'artiste moderne.

    En 1634, il épouse Saskia Van Uylenburgh, la nièce du marchand de tableaux chez lequel il loge. Auprès de celle dont la beauté et l'élégance lui inspireront de nombreux portraits, il connaît bonheur et succès, mais, atteinte de tuberculose, Saskia meurt en 1642, le laissant seul avec son fils, Titus, né l'année précédente.

    Il gagne alors beaucoup d'argent, car il est le premier à mettre ses tableaux en vente, afin de laisser le marché en fixer la valeur. Son atelier, fréquenté par de nombreux élèves, ajoute à sa gloire.

    4. L'ADVERSITÉ...

    Tandis que Saskia se meurt, Rembrandt achève la Ronde de nuit (1642), qui marque son entrée dans la période des vicissitudes, tant matérielles que morales.

    L'œuvre, en effet, est mal accueillie par ses commanditaires ; du coup, les autres clients du peintre s'éloignent de lui. On lui reproche aussi de prendre pour modèles, de préférence aux grands personnages du moment, des vieillards et de pauvres gens.

    Aux difficultés financières s'ajoutent des déboires avec l'Église, qui, en 1654, l'accuse de concubinage parce qu'il s'est mis en ménage avec une jeune paysanne, Hendrickje Stoffels (1625-1663), qui était jusque-là sa servante. Au même moment, son tableau Bethsabée au bain est taxé d'immoralité.

    5. ...ET LA RUINE

    Rembrandt, qui s'est trop endetté, ne peut éviter qu'en 1656, l'année de sa seconde Leçon d'anatomie , ses créanciers ne fassent faire l'inventaire de ses biens, pour qu'ils soient vendus aux enchères.

    Après avoir quitté sa fastueuse demeure du quartier juif d'Amsterdam (aujourd'hui musée), il emménage dans un quartier plus modeste (Rozengracht) ; avec Hendrickje et Titus, il y fait commerce d'objets d'art et de curiosités, naturelles ou exotiques.

    Rembrandt travaille cependant à d'ultimes toiles, dans lesquelles sa hardiesse et son originalité atteignent à leur plus haut niveau (le Reniement de saint Pierre, 1660). Il honore certaines commandes, en délaisse d'autres, tandis que plusieurs, comme les Syndics des drapiers (1662), lui sont retournées.

    Fuyant les honneurs, il ne recherche plus que la compagnie des gens simples. En 1663 meurt Hendrickje, qui lui avait inspiré l'un des types de beauté féminine les plus émouvants de vérité de toute l'histoire de la peinture. Rembrandt a encore la douleur de perdre son fils, en 1668, avant de s'éteindre lui-même, à l'âge de 63 ans, presque oublié de ses contemporains. Sa personnalité demeure, à bien des égards, énigmatique.

    6. LE SENS PROFOND DE L'ŒUVRE

    Dessinateur d'une remarquable fécondité et modernité, Rembrandt est aussi l'auteur de près de 300 gravures (paysages, sujets religieux et mythologiques) ; à ce titre, il est considéré comme le plus grand aquafortiste de tous les temps (les Trois Arbres, la Pièce aux cent florins, Jésus prêchant). Son style évolue de la même manière dans son œuvre peint et dans son œuvre gravé.

    C'est autant à travers lui-même (soixante-deux autoportraits étant authentifiés) qu'à travers ses proches et tous ceux qu'il rencontre que Rembrandt représente la condition humaine et scrute son mystère – quand ce n'est pas en s'inspirant d'épisodes bibliques (le Christ se révélant aux pèlerins d'Emmaüs, 1648).

    C'est grâce à son génie du clair-obscur que la lumière, dont il dispose à son gré, semble émaner du tableau lui-même. On le voit commencer par retracer la réalité physique, presque anecdotique, des êtres et des choses, pour parvenir à exprimer la vérité de la vie, tant apparente qu'intérieure (Aristote contemplant le buste d'Homère,, 1653).

    Les scènes conventionnelles sont toujours transformées par certains détails : un personnage qui regarde le spectateur dans la première Leçon d'anatomie, ou la reprise d'une représentation du Christ mort par Mantegna dans la seconde Leçon d'anatomie. Avec Rembrandt, la moindre scène quotidienne s'élève à un sens métaphysique qui ne laissera pas de fasciner peintres et écrivains au cours des siècles.

    7. LE DÉBAT SUR L'AUTHENTICITÉ

    La question de l'authenticité des œuvres de Rembrandt, qui se pose depuis longtemps, atteint des proportions étonnantes. On lui a attribué jusqu'à un millier de tableaux, puis entre 700 et 600 dans la première moitié du xxe siècle, pour arriver à 420 aujourd'hui – en attendant peut-être la nouvelle évaluation qui résultera des conclusions du Rembrandt's Research Project (« Projet de recherche sur Rembrandt ») mené depuis 1968 à Amsterdam. Cette étude d'expertise n'a pas épargné certaines toiles célèbres, comme l'Homme au casque d'or (1650), dont on lui a retiré la paternité.


    Il apparaît que de nombreux tableaux furent sans doute exécutés par des assistants qui travaillaient dans l'atelier du maître, ou qu'ils en sont des copies tardives. Ce n'est pas la preuve que Rembrandt manquait d'originalité, mais plutôt que, pour affirmer la singularité de son œuvre, il avait lui-même encouragé la reproduction de sa manière de peindre.


    8. CITATIONS

    « Si je veux enrichir mon esprit, je ne cherche pas les honneurs, mais la liberté. »Rembrandt

    « Rembrandt a une palette mystérieuse, parce qu'il a un génie intime, rêveur et profond. »
    Charles Blanc (1813-1882), fondateur de la Gazette des beaux-arts

    « Rembrandt sait que la chair est de la boue dont la lumière fait de l'or. »
    Paul Valéry

    Rembrandt van Rijn

    Doté d’une sensibilité et d’un esprit remarquablement inventif, Rembrandt van Rijn (Leyde 1606 – Amsterdam) aborde avec succès une grande variété de techniques et de genres. Ce peintre, dessinateur et graveur qui ne sortit jamais de son pays, produit, grâce au traitement original de ses sujets et de la lumière, des œuvres d’une grande universalité et d’une grande spiritualité. Formé à Leyde auprès du peintre Swanenburg, qui a voyagé en Italie et lui enseigne la peinture d’histoire puis en 1624 avec Pieter Latsman, auprès de qui il s’initia au clair-obscur. Installé à Leyde en 1625, puis à Amsterdam en 1631, où il connut un grand succès comme portraitiste, peintre d’histoire et graveur, mais il laisse au domaine du paysage ou de la nature morte des contributions magistrales. Les œuvres de sa maturité peuvent rivaliser avec le souvenir des grands maîtres italiens ou le renom plus récent d’un Rubens ou d’un Velázquez. Peu à peu, il délaissa la recherche de l’effet dans son travail de la lumière au profit d’une intensité expressive apte à traduire le monde intérieur des sentiments et de l’âme dans un élément souvent mystérieux. L’évolution de la mode, à partir du milieu des années 1650, est défavorable à l’orientation psychologique et introspective d’une peinture dont la richesse n’est plus jugée assez démonstrative.

    L'Enlèvement d'Europe, 1632, Rembrandt, Los Angeles, Paul Getty Museum

    L’Enlèvement d’Europe, 1632, Rembrandt (Los Angeles, Paul Getty Museum). Même pour un portraitiste aussi sollicité que Rembrandt, la représentation de scènes empruntées à la Bible, à l’histoire et la mythologie gréco-romaine figurait au sommet de la hiérarchie picturale. Rembrandt narre ici une histoire très populaire à l’époque : déguisé en taureau blanc, Jupiter enlève Europe, princesse phénicienne dont il est amoureux et la conduit vers le continent qui portera son nom.

    L'Enlèvement d'Europe, 1632, Rembrandt

    Soulignée par l’éclairage dramatique, l’intensité de la scène est remarquable.  Le fait qu’Europe (d’après Ovide) ait été enlevée sur la plage donne au peintre l’occasion de faire allusion à l’activité portuaire du port d’Amsterdam où il résidait : une grue contemporaine et des voiliers émergent de la brume sous un ciel menaçant.

    Autoportrait jeune, vers 1634, Florence, Galleria degli Uffizi

    Autoportrait jeune, vers 1634, Rembrandt  (Florence, Galleria degli Uffizi)

    La Ronde de nuit, 1642, Rembrandt, Amsterdam, Rijksmuseum

    La Ronde de nuit ou La Compagnie de Franz Banning Cocq et de Willen van Ruytenburch, 1642, Rembrandt, (Amsterdam, Rijksmuseum). Au XIXe siècle, à cause d’une couche de vernis jauni, l’œuvre fut baptisée « La Ronde de nuit’. En 1975, cette couche fut enlevée et la composition retrouva sa lumière originale. Mais le célèbre titre a été conservé. Au siècle de Rembrandt, les gardes civiques étaient des associations de citoyens haut placés. Au sein de la cité, elles étaient responsables du maintien de l’ordre, mais acquirent peu à peu une fonction cérémonielle. Afin de décorer leurs salles de fête, ces gardes commandaient des portraits de groupe où se faisaient immortaliser. Dans cette toile gigantesque, le peintre présente une vue instantanée d’un groupe de personnes en mouvement : leur cortège vient de passer une porte de la ville.

    La Ronde de nuit, 1642, Rembrandt

    Le capitaine Cocq tend le bras gauche. Ce geste révèle son statut de chef et semble inviter le groupe à se mettre en mouvement. L’ombre de son bras se dessine sur le lieutenant Van Ruytenburch, l’homme au remarquable habit jaune violemment éclairé. La tension dramatique qui caractérise ce tableau doit beaucoup aux jeux de lumière. À l’instar du lieutenant, la fillette – également vêtue de jaune – se trouve en pleine lumière. Elle court de la gauche vers la droite, à contresens du groupe. Un poulet mort pend à sa ceinture. Il s’agit là d’une allusion aux arquebusiers (« kloveniers »).