joi, 25 noiembrie 2021

« Botticelli, artiste et designer »

 

En images : Sandro Botticelli, maître du portrait renaissaissant

Portraits raffinés, visages presque en état de grâce, compositions audacieuses : l’exposition présentée au Musée Jacquemart-André, à Paris, rend hommage à l’un des plus grands artistes de Florence.

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Publié aujourd’hui à 11h09, mis à jour à 11h50

Intitulée « Botticelli, artiste et designer », l’exposition, présentée au Musée Jacquemart-André, à Paris, jusqu’au 24 janvier 2022, réunit près de quarante œuvres de ce peintre (né à Florence le 1ᵉʳ mars 1445 et mort le 17 mai 1510 dans la même ville), l’un des plus importants de la Renaissance italienne. Historienne de l’art, spécialiste de l’art florentin au temps des Médicis, Ana Debenedetti est conservatrice des peintures et dessins au Victoria and Albert Museum (V&A) de Londres. Commissaire de l’exposition, elle commente une sélection d’œuvres en mettant en avant l’influence que Botticelli a exercée sur certains artistes du Quattrocento.

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« Figure allégorique dite La Belle Simonetta » (vers 1485), d’Alessandro Filipepi dit Botticelli, tempera et huile sur bois de peuplier, Städel Museum, Francfort-sur-le-Main.

« Cette figure allégorique demeure une énigme : est-elle réellement inspirée d’une des
plus belles femmes de Florence, Simonetta Cattaneo, épouse de Marco Vespucci, distant cousin du célèbre Amerigo mais également bien-aimée de Julien de Médicis à qui il dédia sa victoire lors de la joute de 1475 ? Ou bien devons-nous ce célèbre profil à l’imagination du maître, qui a su, comme nul autre, mettre en image un idéal de beauté jusqu’alors véhiculé par la littérature et la poésie. Il s’agit peut-être au fond d’une conjonction de mouvements. Il est tout à fait possible que la beauté du personnage historique de Simonetta, à propos de qui nous ne savons que peu de choses, correspondait avec celle de la belle dame chantée par les poètes. »

« Le Retour de Judith à Béthulie » (1469-1470), d’Alessandro Filipepi dit « Botticelli » et de Filippino Lippi (1457-1504), tempera sur bois, Cincinnati Art Museum, Fonds John J. Emery.

« Botticelli recueille à la mort de son maître, Fra Filippo Lippi, le fils de ce dernier encore adolescent, Filippino. Commence alors une période féconde où les deux amis exécuteront plusieurs œuvres à quatre mains. Cette copie d’une composition célèbre de Botticelli qui, aux Offices, forme un pendant avec la découverte du corps d’Holopherne, a sans doute été réalisée par Filippino à la demande d’un commanditaire dont on ne sait malheureusement rien. Il n’était pas rare en effet que certaines œuvres populaires soient déclinées en plusieurs versions afin de satisfaire une demande alors en pleine expansion. »

« Portrait de Michele Marullo Tarcaniota » (1490-1500), d’Alessandro Filipepi dit « Botticelli », tempera et huile sur bois transposé sur toile.

« Michele Marullo Tarcaniota était un poète et un guerrier très apprécié des cercles
littéraires florentins et italiens. Sa mort tragique – il se noya dans un torrent à la suite d’une chute de cheval – provoqua une tristesse profonde parmi l’élite de la péninsule. Dans ce portrait, Botticelli réussit à saisir et à restituer toute la psyché de l’homme dont le regard intense nous saisit et nous invite à une étude attentive de ses traits que le peintre a su merveilleusement transmettre à la postérité. Bien que l’on ne conserve qu’une petite dizaine de portraits peints de la main du maître, il a contribué à révolutionner l’art du portrait à la Renaissance. »

« Portrait de Julien de Médicis » (vers 1478-1480), d’Alessandro Filipepi dit « Botticelli », tempera et huile sur bois, Accademia Carrara, Bergame.

« Ses talents de portraitiste hors pair étaient déjà sans doute bien connus lorsqu’on
commande à Botticelli une série de portraits commémoratifs de Julien de Médicis. Ce dernier succombe lors de la conspiration des Pazzi, une famille rivale des Médicis qui attente à la vie des deux frères, Laurent et Julien, lors de la messe de Pâques 1478 célébrée au sein de la cathédrale de Florence. Si Laurent réussit à s’échapper, son jeune frère est fauché dans la fleur de l’âge. Ce tableau est l’une des trois versions qui nous sont parvenues, peut-être la première de la série tant les signes de la mort sont visibles dans les traits creusés et les chairs affaissées du visage. Ces détails seront légèrement atténués dans les autres versions, Botticelli répondant peut-être ainsi à la recommandation de Leon Battista Alberti de conférer une impression de présence dans les portraits des absents. »

« La Vierge du Magnificat » (années 1490), par le maître des bâtiments gothiques (Jacopo Foschi ? (vers 1485-vers 1520), actif à Florence) d’après Botticelli, tempera sur bois, Montpellier Méditerranée Métropole, Musée Fabre, dépôt du Musée du Louvre, 1979.

« L’exercice de la copie était une activité diffuse au sein de l’atelier. Il permettait aux
assistants et collaborateurs d’exercer leur main au style du maître afin de le seconder
dans la réalisation de ses œuvres. Mais c’était également une stratégie commerciale, qui permettait de décliner une composition ayant rencontré un succès particulier. Pourtant, il n’y a jamais de copie au sens strict du terme dans l’atelier de Botticelli mais des variantes. La Vierge du Magnificat est un grand tableau conservé aux Offices dont on connaît plusieurs répliques. Celle du Musée Fabre, à Montpellier, présentée dans cette exposition, est sans doute la plus belle. Son format est légèrement réduit et un ange a été omis par rapport au prototype. »

« Venus pudica » (« Vénus pudique », vers 1485-1490), d’Alessandro Filipepi dit « Botticelli », huile sur toile, Staatliche Museen zu Berlin, Gemäldegalerie, Berlin.

« Vénus est l’une des figures tutélaires de la Renaissance florentine, protagoniste du
mythe dont aiment à s’entourer les Médicis. Fidèle à une stratégie de composition qui privilégie le réemploi de certains motifs, Botticelli reproduit la figure centrale du grand tableau mythologique, La Naissance de Vénus (Offices), et invente un genre nouveau : le nu féminin. L’historien et biographe Giorgio Vasari nous apprend que nombre de ces tableaux peuplaient alors les demeures florentines. Botticelli et son atelier produiront plusieurs versions de cette Vénus pudique qui adopte dans ce panneau vertical et dénué de paysage une dimension toute sculpturale. »

« Vierge à l’Enfant dite “Madone Campana” » (vers 1467-1470), d’Alessandro Filipepi dit « Botticelli », tempera sur bois de peuplier, Musée du Petit Palais, Avignon, dépôt du Musée du Louvre, 1976.

« Les sujets de dévotion, dont le thème de prédilection est la Vierge à l’Enfant, constituent une part très importante de la production de l’atelier de Botticelli. C’est sur ces modèles qu’il se forme au sein de l’atelier de son maître Fra Filippo Lippi et qu’il réussit à développer un style tout à fait personnel et si caractéristique. Ici, Botticelli expérimente avec un sujet qu’il n’exploitera quasiment pas – sauf dans le retable Bardi et ses dérivés : une Vierge allaitant. Ce motif a sans doute été inspiré par certaines compositions de ses contemporains et révèle l’œil attentif du jeune peintre pour les travaux de ses pairs. »

« Vierge à l’Enfant » (vers 1460-1465), de Fra Filippo Lippi (vers 1406-1469), tempera sur bois de peuplier, Bayerische Staatsgemäldesammlungen, Alte Pinakothek, Munich.

« Fra Filippo Lippi est le grand représentant de la peinture du milieu du XVe siècle. Il accueille le jeune Botticelli au sein de son atelier au début des années 1460. Ses sujets de prédilection sont des thèmes religieux, notamment celui de la Vierge à l’Enfant, dont les nombreuses déclinaisons constitueront de véritables modèles pour toute une génération d’artistes. Botticelli offre une version très proche du modèle de son maître dans un tableau aujourd’hui conservé au Louvre et qui pourtant s’en distingue grâce à des variations subtiles. »

« Le Jugement de Pâris » (vers 1482-1485), d’Alessandro Filipepi dit « Botticelli » (vers 1445-1510) et atelier, tempera sur bois, Fondation Giorgio Cini, Galleria di Palazzo Cini, Venise.

« L’atelier de Botticelli produisait également des peintures de meuble et destinées à la décoration des murs des demeures patriciennes. Cette scène représentant le jugement de Pâris a probablement été réalisée à son retour de Rome après 1482. On y retrouve en effet des motifs déjà utilisés dans les fresques de la chapelle Sixtine (1481-1482). Ce panneau imposant a été pensé et dessiné par le maître qui fut cependant aidé dans sa réalisation par l’un de ses collaborateurs fidèles : le maître des bâtiments gothiques, aujourd’hui identifié comme Jacopo Foschi. »

« Madone à l’Enfant dite “Madone au livre” » (vers 1482-1483), d’Alessandro Filipepi dit « Botticelli » (vers 1445-1510), tempera sur bois, Museo Poldi Pezzoli, Milan.

« La Madone au livre est l’un des grands chefs-d’œuvre des années 1480. Botticelli y révèle sa grande maîtrise de l’espace et une attention toute particulière pour les détails qui viennent enrichir sa composition. Le jeu des harmonies chromatiques, dominé par le lapis-lazuli du manteau de la Vierge, révèle le talent de coloriste du peintre tout en indiquant un commanditaire prestigieux, le lapis-lazuli étant un pigment très onéreux et généralement utilisé avec parcimonie. Le visage de la Vierge a atteint une perfection que Botticelli déclinera avec constance dans les scènes sacrées comme dans les sujets profanes. »

« Le Couronnement de la Vierge avec saint Juste de Volterra, le bienheureux Jacopo Guidi de Certaldo, saint Romuald, saint Clément et un moine camaldule » (vers 1492), d’Alessandro Filipepi dit « Botticelli » (vers 1445-1510) et atelier, tempera et huile sur bois transféré sur toile.

« A la toute fin des années 1480, Botticelli produit un certain nombre de grands retables d’autel, dont le registre supérieur représente un couronnement de la Vierge. Un dessin préparatoire, exposé en regard, est sans doute le prototype utilisé afin de reproduire cette scène au fil des années. Le registre inférieur varie, quant à lui, en fonction des commanditaires. Il s’agit ici d’un retable commandé pour l’abbaye de Volterra et qui est présenté pour la première fois depuis leur séparation avec quatre des cinq petits panneaux qui formaient sa prédelle. »

« Judith tenant la tête d’Holopherne » (fin des années 1490), d’Alessandro Filipepi dit « Botticelli » (vers 1445-1510), tempera sur bois.

« Botticelli avait déjà représenté l’histoire biblique de Judith dans un petit panneau de jeunesse. Il propose une version très différente quelque vingt-cinq ans plus tard alors que la cité de Florence ploie sous l’influence du moine Savonarole. Ce dernier déclame des prêches violents aux accents apocalyptiques, prônant un retour à l’austérité. La réaction de Botticelli est une rupture de style très nette que cette nouvelle interprétation du mythe révèle : les couleurs sont contrastées, le geste se théâtralise et rompt avec la vision de beauté gracieuse du tableau de jeunesse. »

« Vierge à l’Enfant avec le jeune saint Jean-Baptiste » (vers 1505), d’Alessandro Filipepi dit « Botticelli », tempera et huile sur toile, Gallerie degli Uffizi, Palazzo Pitti, Galleria Palatina.

« Vers la toute fin de sa carrière, Botticelli, sans doute pour adapter son style à une
demande nouvelle de sa clientèle sous l’influence de Savonarole, penche pour une
certaine monumentalité des formes. Cette Vierge à l’Enfant du palais Pitti de Florence dévoile des figures qui occupent la totalité de la surface picturale et ploient vers l’avant comme si l’espace ne pouvait les contenir tout entières. Cette dernière manière est révélatrice d’une interrogation toujours plus sensible du peintre sur son art et la société, bien changée, dans laquelle il évolue désormais. »

« Crucifix » (vers 1490-1495), d’Alessandro Filipepi dit « Botticelli », tempera sur bois, diocèse de Prato, Museo dell’Opera del Duomo, Florence.

« Ce Christ en croix est un objet de procession. Il est peint sur les deux faces et reprend des modèles anciens remontant au début du siècle, en particulier les grands crucifix sculptés et polychromes. Dans la tentative de répondre au goût de sa clientèle, qui a fondamentalement changé sous l’influence de Savonarole, Botticelli tente différentes approches. Dans cette œuvre, il transforme la violence des prêches en un sentiment de sacrifice accepté et apaisé, renouant ou faisant vivre encore en ces temps troublés un art fondamentalement dominé par la grâce. »

luni, 22 noiembrie 2021

Dürer

 


Les Voyages de Dürer : Voyages d'un artiste de la Renaissance – 


Un Lion, 1494 par Albrecht Dürer. Photographie : © Photo Scala, Florence/bpk, Bildagentur für Kunst, Kultur und Geschichte, Berlin
     National Gallery, Londres
 Les créatures étranges, les saints et les paysages lointains représentés par le grand artiste allemand sont réunis avec le travail de peintres inférieurs dans une exposition qui oscille entre le merveilleux et l'inexplicable
laura cumming


Albrecht Dürer (1471-1528) fut le voyageur le plus intrépide de l'histoire de l'art. Depuis sa ville natale de Nuremberg, il a traversé les Alpes plus d'une fois dans des conditions dangereuses, séjournant dans des abris de montagne glacés. Le navire sur lequel il a navigué pendant six jours pour voir une baleine échouée en Zélande a failli se perdre dans une tempête hivernale. Il a vécu à Venise à l'époque du choléra et a peut-être attrapé le paludisme lors d'un voyage aux Pays-Bas où il a été stupéfait par l'or aztèque à Bruxelles et le retable de Van Eyck à Gand. Et tous ces voyages ont été entrepris pendant les épidémies de peste.

Ses carnets de voyage regorgent de vues étonnantes – des comètes en plein essor, des jumeaux siamois, les os d'un géant (qui appartenait en fait à une baleine). Il voit et dessine des filles en costume hollandais, des marchands turcs, des femmes africaines . Des bateaux reposent à marée basse dans le port d'Anvers, des châteaux fantastiques s'élèvent sur des pinacles au-dessus du Rhin. Il y a une feuille de magnifiques croquis de lionnes assoupies, un babouin bleu et même un lynx aux oreilles aiguisées alarmantes dans les nouveaux zoos des Pays-Bas.

Hélas, seul le dernier apparaît dans cette exposition tant attendue consacrée aux voyages de Dürer. Dire que l'expérience dans l'aile Sainsbury est déconcertante serait un euphémisme. Entre merveilleux, sinueux et parfois inexplicable, c'est un spectacle sans carte.

Il s'ouvre – incroyablement – ​​avec deux œuvres qui ne sont pas de Dürer. Et il y en a tellement d'autres à venir : d'autres portraits de peintres de Christian II de Danemark ou de l'empereur du Saint-Empire ; les saints et les lions d'autrui et les paysages fluviaux. Aussi bon qu'il soit de voir l' assassinat de Saint Pierre Martyr par Bellini - Dürer a visité le Bellini vieillissant à Venise - il est toujours visible dans les galeries à l'étage. Tout comme L'Adoration des rois de Jan Gossaert , et Dürer, qui a fait un voyage jusqu'à Middelbourg, dans les Pays-Bas actuels, pour voir l'un de ses retables, a été moins impressionné par Gossaert.

Il n'y a pas de chronologie claire et à peine de récit perceptible. Le salon se sent d'une part encombré - trop de passagers à bord - et d'autre part, dépourvu de la présence de force du maître allemand. Une médaille de portrait banale de Dürer, au lieu d'un seul de ses nombreux autoportraits à l'encre, à la craie, à la pointe d'argent ou à la peinture - si spectaculaires, si originaux - ne peut que signifier des bathos inévitables.


Saint Jerome Penitent in the Wilderness, c1496.  

Saint Jerome Penitent in the Wilderness, c1496.


Saint Jérôme pénitent dans le désert, c1496. Photographie : Heritage Image Partnership Ltd/Alamy

Pourtant, il y a des merveilles de Dürer le long du chemin. Il est là-haut dans les Alpes en train de se faire une image de l'abri sur papier : remarquant la fragilité du toit en ruine et le profil étrangement humain des rochers au premier plan. Son empreinte de Saint Jérôme priant une modeste croix dans un paysage montagneux escarpé est si caractéristique dans sa ferveur botanique que vous pouvez distinguer l'épicéa du pin et dénombrer toutes les différentes sortes d'herbes.

Mais le lion fronçant les sourcils de Jérôme, dans d'autres visions, a un visage humain, des mèches dorées luxuriantes et des doigts élégants pour les griffes. Dans une image, il semble même avoir le nez allongé de l'artiste lui-même. Dürer n'avait pas encore vu de lion en réalité (quand il l'aurait fait, l'image serait suprêmement exacte ). Sa bête contient au moins quelque chose de lui-même.

Et ces doigts pourraient être l'emblème de Dürer, autant que la célèbre signature du monogramme. Car son art consiste à montrer les choses. La façon dont une main tient un livre ouvert, des doigts humains s'éventant comme les plumes des ailes d'un oiseau. Les proportions curieuses d'un enfant, sa tête incroyablement grosse par rapport à son torse. La façon dont un seul cil, recourbé vers le haut, peut donner à un homme puissant un air désarmant d'enfant.

Les mystères de son art sont encore plus apparents par rapport aux œuvres des artistes environnants. Le détail excessif des estampes de Dürer, par exemple, ces anthologies denses de données et de détails, fourmillantes de figures et de paysages lointains, mais irréductiblement étranges ; la conjonction de l'exactitude topographique et de la fantaisie fluide. Prenez la figure de Némésis , debout sur un globe entièrement allégorique, en équilibre sur un nuage aux bords tachetés qui pourrait être en lin, tant les plis sont serrés. Mais sous elle se trouve le Tyrol du Sud dans des détails merveilleux, comme dessiné lors d'un voyage à Venise.

Surtout, il y a la question toujours verte de l'androgynie. Des vrais gardiens aux saints imaginaires, il est difficile de savoir si les têtes de Dürer sont masculines ou féminines, ou une combinaison des deux – et si oui, pourquoi ? Tout peut paraître si clair dans la grande impression Melencolia I : l'ange morose, le chérubin abattu, le sablier et la carte numérologique, tout le fouillis de symboles allégoriques en noir et blanc définitif. Mais qui peut résoudre l'énigme de ce scénario ? Qui sait ce qui paralyse l'ange et si cet être au visage de tonnerre est un homme ou une femme ? La mer lointaine scintille sous une étoile filante. Peut-être que Dürer l'a vu lors de ses voyages.

Portrait de Dürer de Lucas van Leyden, 1526.
Le portrait de Dürer de Lucas van Leyden, 1526. Photographie : Art Heritage/Alamy

Cette gravure, ainsi que Saint Jérôme et le célèbre Un chevalier, la mort et le diable – le chevalier un homme d'acier avec un casque allemand, chevauchant sans cesse en transe – forment les soi-disant « gravures principales ». Et les estampes constituent la majorité de ses œuvres dans cette exposition – à juste titre, étant donné que Dürer les a emmenées à travers l'Europe et qu'elles étaient partout prisées. Ils ont également payé son chemin, à l'occasion, et ont aidé à obtenir une pension de l'empereur romain germanique.

Les carnets de voyage contiennent des récits méticuleux, montrant que Dürer échangeait parfois des impressions contre des marchandises, notamment des longueurs de velours et de tissu blanc. Il vendait également des portraits dessinés sur place, souvent au fusain fugitif. Celles-ci sont éblouissantes : des images presque grandeur nature de clients du Low Country, rapides avec une vie scintillante. Mais le meilleur de tous sont les dessins à la pointe d'argent de ses collègues artistes - Lucas van Leyden, tous d'acuité juvénile, et le peintre belge aux yeux brillants Jan Provoost, qui semble trop pressé par la pensée pour rester immobile pendant toute la durée de la séance.

Saint Eustache, c1501.
Saint Eustache, c1501. Photographie : Artokoloro/Alamy

Après cette galerie de portraits, qui comprend également des chefs-d'œuvre dynamiques de Quinten Massys, le spectacle devient diffus, se concentrant sur la religion plus que sur les voyages et refoulant sur les présentations numériques. Il manque un point culminant. Rien dans la dernière pièce ne semble concluant ou dramatique à juste titre. Cela étant, et le prix d'entrée étant si élevé, il semble utile de suggérer que quiconque contemple les Voyages de Dürer pourrait regarder fixement le grossissement colossal de sa gravure de Saint Eustache à l'extérieur de la porte, pour habituer l'œil à cet artiste farouchement incisif. Le cheval et les cinq chiens qui attendent tous pendant qu'Eustache prie – des portraits d'une vitalité frémissante, maintenus en attente patiente au-delà de tout ce qui est humain – sont des vues stupéfiantes à voir. C'est, après tout, tout l'art de Dürer.

duminică, 21 noiembrie 2021

Aproape / Departe (exemple din panzele lui Caspar David Friedrich, 1774-1840

 


Peisaj alpin

Dicotomia dispunerii planurilor: prim plan in diagonala, ascensiune trudnica, lumea terestra vazuta de aproape, rugozitare si dezolare. Planul doi: muntele transfigurat, scaldat in albastru celest, zapada puritatii intangibile. Arrière-plan: orizontalitatea saturata de materia fara forma a infinitului chromatic 

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Le Voyageur contemplant une mer de nuages / Caspar David Friedrich , 1818 / Kunsthalle, Hambourg

Planul intai: prosceniu dispus pe verticala, turn de observatie. Planuri succesive, despartite (si unificate) de fuioare de ceata. Planul penultim: forme geologice, analogii difuze  ale eternitatii: piramide, sfinx. Planul ultim:cerul ca o cupola de nori de ceata, suport al reveriei dinamice

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Le Voyageur contemplant une mer de nuages aussi intitulé Le Voyageur au-dessus de la mer de nuages ou L’homme contemplant une mer de brume (en allemand : Der Wanderer über dem Nebelmeer) est un tableau du peintre romantique allemand Caspar David Friedrich.

Description

Au premier plan, un homme est debout sur un rocher en hauteur, le dos tourné au spectateur. Il porte une redingote vert sombre et tient un bâton de marche dans sa main droite. Sa chevelure flotte dans le vent, il contemple un paysage brumeux. Dans un plan intermédiaire apparaissent devant lui des crêtes montagneuses qui peuvent être comme celle sur laquelle il se trouve. Dans les volutes du brouillard, on discerne des arbres. Au loin, des montagnes floues s'élèvent à la gauche. Le brouillard à l'arrière-plan s'étend au point de rendre indistincts l'horizon et le ciel nuageux

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              Caspar David Friedrich, Sur le voilier, 1819, Musée de l'Ermitage,  Saint-Pétersbourg (Russie)

Dispunerea planurilor: prim planul extins  pana la linia orizontului. Fundalul cerului nordic, puternic verticalizat de catarg.Cele doua personaje, proiectate la limita unghiulara a prim planului, domina toate cele trei planuri succesive. Corpurile sunt dispuse simetric: sub linia orizontului si deasupra ei.

Description
Un couple est assis main dans la main sur la proue d'un voilier. Leur regard est fixé sur une ville dont on aperçoit les maisons et les clochers à travers la brume. L'homme porte un costume traditionnel. La ligne d'horizon est située au premier tiers en bas du tableau. Les personnages sont probablement
Caroline Bommer, la femme de Friedrich et Friedrich lui-même.

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Lune se levant sur la mer, Caspar David Friedrich, 1821, Hermitage, Sankt Petersbourg (Russie)


Prim plan cu bolovani slefuiti de maree. Rugozitate atenuata de muschi marini. Doua personaje feminine asezate, vazute din semi-profil, in contemplatie. Campul lor vizual cuprinde siluetele a doi barbati in picioare (in planul al doilea), barci cu panze, scenografia cerului iluminat de jerba selenara. Privirea spectatorului exterior tabloului adauga inca o veriga in lantul privirilor inglobante. Prezentele umane gemelare unifica primele trei planuri intr-un singur plan sinteza (pamant-mare)

Le Lever de lune sur la mer (en allemand Mondaufgang am Meer; en russe Восход луны над морем) est un tableau de Caspar David Friedrich (1771-1840) conservé au musée de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg. Ce tableau dans la veine du romantisme a été peint en 1821 à Dresde. Il représente un paysage vespéral de bord de mer, avec deux couples contemplant deux voiliers sous la lune. Deux jeunes femmes sont assises sur les rochers de bord de mer et deux jeunes gens plus au fond au bord de l'eau se tiennent debout face à la mer.




Paysage du soir avec deux hommes / Caspar David Friedrich, 1830-1835 / Musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg

Dispunerea planurilor: uluitoare simbioza pamant-mare-cer. Fasii de tarm lagunar par a inainta pana la linia orizontului (constient-inconstient). Epifania luminii fara sursa vizibila. 

Paysage du soir avec deux hommes (Abendlandschaft mit zwei Männern) est un tableau peint par Caspar David Friedrich entre 1830 et 1835. Il mesure 25 cm de haut sur 31 cm de large. 


Sinteza dispozitivelor spatiale utilizate in tablourile anterioare

Les Âges de la vie (en allemand : Die Lebensstufen) est un tableau du peintre romantique allemand Caspar David Friedrich réalisé en 1834. Il est actuellement conservé au Museum der bildenden Künste de Leipzig. Réalisé à 61 ans, soit six ans avant sa mort, c'est donc une œuvre de la maturité, artistique et personnelle, que C.D. Friedrich expose au public cette année-là. Cependant, il s'inspire pour ce paysage de plusieurs esquisses réalisées au cours de voyages qu'il avait effectués dans sa jeunesse.

Description et interprétation


Le tableau est découpé en deux plans. Au premier, cinq personnes se tiennent sur une plage. Plus loin, au large, cinq bateaux naviguent à des distances plus ou moins importantes.

Sur la plage, le personnage le plus près du spectateur est un vieil homme se tenant de dos, face à la mer. Devant lui se tient un jeune homme portant un chapeau haut-de-forme. Plus loin encore, une jeune fille allongée à terre joue avec deux enfants. Les deux enfants jouent avec un drapeau suédois à côté d'elle.


     Caspar David Friedrich, Paysage de Riesengebirge, 1810, Musée des Beaux-Arts Pouchkine ,        Moscou, Russie


Dispunerea planurilor: Prim planul orizontal sectionat. La limita dintre planul orizontal si cel vertical, turla metonimica. Opozitia abrupta campie-munte atenuata de succesiunea coamelor cu forme ondulate si de vegetatia cromatizata in perspectiva aeriana (succesiv: verde inchis, verde deschis, roz matinal). Poalele despadurite introduc albul zapezilor marilor altitudini in zona mai accesibila (entre-deux eufemizant) dintre primul plan si planul doi. 


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Citat din George Banu, Spatele omului, Nemira, 2008.



Un spectacol al absentei, p. 122

"Intoarcerea spatelui nu exprima, la personajele lui Friedrich, respingerea explicita si agresiva a lumii, ci dezaprobarea ei secreta, refuzul de a o mai accepta. Refuz ce implica o deceptie insotita de dorinta de distantare, de refugiere in nemarginirea unui orizont seducator tocmai pentru ca nu cunoaste limite. Intinderile vaste captiveaza privirea.Tentatia de a disparea din lume nu face decat sa intretina ostilitatea fata de ea iar oamenii care ii intorc spatele resimt din plin fascinatia unei calatorii dincolo de o frontiera pe care nu s-au decis sa o treaca totusi." 


Vezi

Biografia si opera lui George Banu in postarea: https://ionsianca.blogspot.com/search/label/Banu

vineri, 19 noiembrie 2021

Femmes artistes

 

Femmes artistes à Brou

40 artistes et 100 oeuvres pour montrer la contribution des artistes femmes à l'extraordinaire effervescence artistique des années 1880-1940.

L’affiche donne le ton : une femme alanguie sur un lit fleuri, telle la Vénus de Titien ou l’Olympia de Manet. Mais cette femme corpulente, vêtue sans recherche, cigarette aux lèvres, ne regarde pas le spectateur. C’est probablement une de ses domestiques que Suzanne Valadon a ainsi représentée, affranchie de tout regard, en particulier masculin. Le tableau s’intitule La Chambre bleue et date des lendemains de la Première Guerre mondiale.

Remarquable par son style pictural et de vie, Suzanne Valadon n’était pourtant pas la seule femme à peindre, à enseigner, à exposer. Une centaine d’œuvres sont rassemblées qui révèlent la place singulière des femmes dans les différents mouvements picturaux à la charnière des XIXe et XXe siècles et jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, Camille Claudel, Marie Laurencin, Mary Cassatt, Valentine Hugo, Sonia Delaunay. Avec, aussi, des résonances politiques : La Fuite, de Tamara de Lempicka (1940), met en parallèle la fuite en Égypte biblique et l’exode que connaît alors l’Europe, elle-même s’exilant cette même année aux États-Unis.
Huguette Meunier

A voir
Valadon et ses contemporaines. Peintres et sculptrices, 1880-1940
Jusqu’au 5 septembre 2021 au Monastère royal de Brou, Bourg-en-Bresse (01).
Rens. : monastere-de-brou.fr