Comment Paul Signac a fait de Saint-Tropez le paradis des artistes
Le peintre pointilliste Paul Signac s'est installé dans le village de pêcheurs de Saint-Tropez en 1892. Découvrez comment il a transformé ce lieu en un centre d'art d'avant-garde.
L'une des villes françaises les plus populaires d'aujourd'hui, Saint-Tropez, était autrefois un paisible village de pêcheurs. Arrivé à Saint-Tropez sur son bateau, Paul Signac est tombé sous le charme de ses couleurs vives et de sa belle vue sur la mer. Il a décidé d'acheter une maison et d'en faire son atelier. De plus, il ne garde pas Saint-Tropez pour lui, mais invite divers collègues à le rejoindre. Finalement, Saint-Tropez s'est transformé en un centre d'art d'avant-garde. Dans cet article, il sera exploré comment le travail et les idées de Signac, ainsi que ceux des autres peintres qu'il a invités, ont contribué à l'importance de Saint-Tropez pour le développement de l'art moderne.
L'évolution du style de Paul Signac à Saint-Tropez
Le choix de Paul Signac de s'installer à Saint-Tropez en 1892 marque également le début d'une phase particulière de sa carrière. Pendant les vingt années qui suivirent son déménagement, il continua à voyager entre Paris, la Bretagne et sa nouvelle maison sur la côte sud. Un an avant le déménagement de Signac, son cher ami et collègue, George Seurat , est décédé.
Signac et Seurat étaient devenus tous deux des pointillistes, mais avaient également pour mission de faire connaître et aimer le néo-impressionnisme . La mort de Seurat a été un choc pour Signac, et pourrait même avoir été l'une des raisons pour lesquelles il a décidé de naviguer sur son yacht. Cependant, le décès de Seurat ne l'a pas rendu moins désireux de développer, mettre à jour et améliorer le style néo-impressionniste. Signac était un homme avec un grand agenda social et artistique , alors le déménagement à Saint-Tropez lui a donné une nouvelle inspiration.
Au cours de cette phase de sa vie, Signac commence à jouer avec son style, qui se situe entre le pointillisme et le néo-impressionnisme. Il a commencé à abandonner les lignes plus nettes qu'il avait jusqu'alors appliquées à la plupart de ses compositions. De plus, Signac a également commencé à modifier la taille et la forme des points qui avaient été une caractéristique déterminante du style pointilliste. Ces points sont devenus plus gros et ont commencé à ressembler davantage à des rayures.
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Signac inverse la manière dont il crée des zones délimitées dans sa composition. Dans le style pointilliste, les petits points créent un doux mélange de couleurs qui sont ensuite encadrés par des lignes plus nettes. Dans le style néo-impressionniste, les points se sont transformés en rayures, tandis que dans le même temps les lignes plus nettes ont été adoucies. Afin de remplacer ces lignes, des zones de couleurs contrastées ont été placées les unes à côté des autres pour former des zones délimitées. Les changements apportés par Signac peuvent être perçus en comparant sa peinture pointilliste vue ci-dessus avec ses peintures néo-impressionnistes vues ci-dessous.
Si Saint-Tropez et ses environs ont donné à Signac une précieuse inspiration, lui-même a aussi donné quelque chose d'important à ce village de pêcheurs. Grâce à la nature de son travail et à sa philosophie moderniste, il a marqué Saint-Tropez comme un havre de paix pour de nouvelles idées et créations. Par ailleurs, les retouches que Signac, entre autres artistes, apporte à son œuvre durant cette période à Saint-Tropez, jettent les bases du premier mouvement artistique moderne du XXe siècle, appelé fauvisme .
Le mot fauve signifie chat sauvage ou sauvage en français. Dans l'art, la signification de ce mot se traduit par l'utilisation de couleurs vives et de coups de pinceau rugueux et abrupts. L'art fauviste s'appuie sur les coups de pinceau déjà relâchés et les couleurs vives et contrastées des œuvres néo-impressionnistes. De plus, Signac ne restera pas le seul artiste à travailler à Saint-Tropez, ni le seul à créer les bases de l'art moderne du XXe siècle.
D'autres artistes rejoignent Paul Signac à Saint-Tropez
Après avoir acheté sa villa La Hune à Saint-Tropez, Signac en a transformé une partie en son atelier. Peu de temps après s'être installé avec sa femme et sa mère, Signac invite d'autres peintres à se joindre à lui. Parmi ceux-ci figuraient Henri Matisse , Maximilien Luce, Théo van Rysselberghe, George Braque , Henri-Edmond Cross et André Derain .
Au fur et à mesure que la nouvelle se répandait et que les artistes mentionnés rapportaient leurs peintures de Saint-Tropez à Paris, de plus en plus de gens s'intéressaient à ce village de pêcheurs du sud. Saint-Tropez n'était plus seulement une belle ville côtière, mais aussi un important centre d'art en devenir. Naturellement, d'autres artistes ont suivi leurs traces. Un à un, ces artistes sont tombés sous le charme de Saint-Tropez qui s'est transformé en un rien de temps en lieu de pèlerinage artistique. De nombreux artistes y reviendraient désormais annuellement ou de temps en temps, pour s'imprégner de ses richesses.
Certains des artistes qui ont rejoint Signac à Saint-Tropez, faisaient également partie du cercle Néo . En effet, Signac, Rysselberghe, Cross et Luce sont devenus les principales figures du mouvement néo-impressionniste et ont souvent exposé ensemble. Cela signifie que ces artistes ont également apporté la philosophie moderne à Saint-Tropez, renforçant le ton moderne que Signac y avait déjà donné. Les peintures créées par ces artistes consistaient en de nombreuses scènes différentes de Saint-Tropez peintes dans un style néo-impressionniste.
Il y avait des peintures de vues sur l'océan ou le village de Saint-Tropez, des scènes de paysage des environs proches du village, des scènes de loisirs, ainsi que quelques natures mortes occasionnelles. Tout comme les impressionnistes, les néo-impressionnistes ont représenté des scènes plutôt spontanées. Des fragments de la vie quotidienne des gens ordinaires. C'était aussi un témoignage de l'effet que la photographie avait sur les peintures.
Cependant, la manière néo-impressionniste de peindre était encore plus spontanée que celle des impressionnistes et des pointillistes. Le style ouvrirait également la voie au fauvisme. Henri Matisse, qui rejoindra Signac à Saint-Tropez durant l'été 1904, commence à peindre des œuvres qui anticipent son style fauviste plus radical.
Pour cette raison, l'été 1904 a été largement reconnu comme le tournant de la carrière de Matisse. Saint-Tropez lui-même, avec ses couleurs vives, et l'échange d'idées avec Signac et Cross, ont inspiré Matisse à travailler dans un style plus spontané et coloré. Lorsque Matisse et André Derain travaillent ensemble à Collioure, près de la frontière espagnole, un an plus tard, il crée des œuvres fauves encore plus radicales. Des œuvres aux couleurs si vibrantes qu'un scandale s'est produit lors de l'exposition du Salon d'Automne.
Outre l'établissement d'un nouveau style de peinture, les artistes du néo-cercle partagent également une vision commune de la société française. Signac, Luce, Cross et Rysselberghe partagent une vision anarchique de l'égalité sociale. De plus, la vie dans le sud de la France, où le rythme de tout était beaucoup plus lent et plus doux qu'à Paris, permettait à ces utopies de rester plus réalistes. Dans la capitale française, la vie a changé rapidement. La pauvreté et la maladie étaient visibles et sensibles.
Dans la campagne tropézienne, en revanche, le mode de vie agraire était resté quasiment inchangé. Le sud de la France offrait un environnement où les gens vivaient généralement dans de bonnes conditions. Pour cette raison, les artistes qui vivaient dans cette partie de la France vivaient au sein de cette agréable bulle. L'inspiration a été puisée dans la nature, la mer, la vie des pêcheurs ou des personnes en vacances.
Les oeuvres de Paul Signac au musée de l'Annonciade à Saint-Tropez
L'héritage de l'époque de Saint-Tropez en tant que centre de l'art d'avant-garde peut être vu au Musée de l'Annonciade. Ce musée, installé dans l'ancienne chapelle Notre-Dame de l'Annonciade à Saint-Tropez, a été fondé en 1922. Le musée est considéré comme le premier musée d'art moderne en France. Au moment de sa fondation, les œuvres d'artistes vivants ornaient ses murs. De nos jours, on peut encore voir de grandes parties de la même collection datant des années 1920.
De plus, outre la collection originale des années 1920, on peut également trouver des œuvres supplémentaires au musée. Nombre d'entre eux, 56 pour être précis, ont été donnés au musée par Georges Grammont en 1955. La collection du musée est aujourd'hui consacrée à l'art des pointillistes, des néo-impressionnistes, des fauves et des artistes du groupe des Nabis. Tous ces mouvements artistiques ont marqué la transition des styles d'art classique, comme le réalisme, l'art romantique et le néoclassicisme, aux styles d'art moderne du XIXe siècle. Si jamais vous visitez Saint-Tropez, assurez-vous de visiter ce magnifique musée et de découvrir vous-même les œuvres de Signac.
Par Isabelle DrogeMSc Arts et Culture, BA Histoire de l'ArtIsabel est une historienne de l'art et écrivain d'Amsterdam, aux Pays-Bas. Elle est titulaire d'une maîtrise en études des arts et de la culture et d'une licence en histoire de l'art, toutes deux de l'Université d'Amsterdam. La plus grande passion d'Isabel réside dans l'art européen de la fin de siècle. Dans ce domaine, ses principaux centres d'intérêt ont été l'Art nouveau et la Sécession viennoise, les arts décoratifs, ainsi que l'accueil des artistes marginalisés. Actuellement, elle s'intéresse beaucoup à l'art du début et du milieu du XXe siècle. Quand Isabel n'est pas occupée à écrire, elle aime voyager, photographier, concevoir des sites Web et être dans la nature
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